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Au Kazakshtan, Nazarbaïev réapparaît pour annoncer sa retraite

L’ancien président du Kazakshtan, Noursoultan Nazarbaïev, lors d’un discours télévisé à la suite des manifestions déclenchées par l’augmentation du prix du carburant. Cette photo a été publiée le 18 janvier 2022. ELBASY.KZ / VIA REUTERS

Très affaibli, l’ancien président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, 81 ans, a diffusé un message vidéo sur sa chaîne YouTube, mardi 18 janvier, alors qu’un nombre croissant de Kazakhs spéculaient sur son silence. C’était sa première apparition publique depuis le 28 décembre 2021, lorsqu’il se trouvait à Saint-Pétersbourg aux côtés du président russe, Vladimir Poutine, pour un sommet de la Communauté des Etats indépendants. Entre-temps, une vague de manifestations balayée par une violente répression a débouché sur la mort de 225 personnes, selon un bilan officiel.

« Nazarbaïev est un cadavre politique », s’exclame Jan Kunserkine, avocat, dans son cabinet d’Almaty, juste après la publication de la vidéo, reprenant ainsi une expression russe sur la placardisation, généralement brutale, d’un personnage dans les systèmes politiques autoritaires post-soviétiques. « Cela sonnait comme des aveux. Le clan Nazarbaïev a perdu », en conclut l’avocat. Une défaite au profit du président actuel Kassym-Jomart Tokaïev. Lequel était supposé, à sa nomination en 2019, servir de figure transitoire pour une passation des pouvoirs ordonnée à un héritier du clan Nazarbaïev. L’explosion de violence au début de ce mois de janvier a fait voler en éclat le dispositif, et Kassym-Jomart Tokaïev a profité de la très forte impopularité du clan qui monopolise le pouvoir et les richesses du pays depuis plus de trente ans pour procéder à une purge de l’appareil d’Etat.

Lundi, le président kazakh a fait tomber de nouvelles têtes en ordonnant le limogeage, après d’autres, du neveu de Nazarbaïev, Samat Abiche, qui occupait le poste de premier directeur adjoint du Comité de sécurité nationale (KNB, ex-KGB). Le même jour, le beau-fils de Nazarbaïev démissionnait d’Atameken, le puissant lobby d’affaires qu’il dirigeait depuis huit ans. Multimilliardaire, Timour Koulibaïev avait longtemps fait figure de favori pour succéder à son beau-père. En dépit de cette purge accélérée et très visible, Noursoultan Nazarbaïev a expliqué qu’il « n’y a pas de confrontation au sein de l’élite ». Penser le contraire serait « croire à des rumeurs absolument sans fondement », a assuré l’ancien autocrate.

Sursaut de nervosité

L’annonce n’a guère produit d’effet dans les rues embrumées d’Almaty, encore sous le choc provoqué par les récentes émeutes sanglantes et les milliers d’arrestations qui ont suivi. Dans les corridors opaques du pouvoir, la réapparition de celui qui porte toujours le titre de « Elbasy » (« père de la nation » ) a en revanche créé une certaine fébrilité. Peu après la diffusion de son message, un ministre du nouveau gouvernement kazakh, remanié le 11 janvier, après l’explosion sociale, a annulé un entretien avec Le Monde prévu depuis plusieurs jours.

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