Des suspects de meurtre, mais aussi des organisateurs de manifestations contre l’ex-premier ministre Benyamin Nétanyahou : d’après le quotidien économique israélien Calcalist, la police israélienne a utilisé, depuis 2013, le logiciel espion Pegasus contre des citoyens du pays, sans réel contrôle et hors de tout cadre légal clair.
Pegasus, édité par la société israélienne NSO Group, permet de prendre le contrôle à distance d’un téléphone, de manière quasi indétectable. Une fois installé, le logiciel permet de copier tous les messages, y compris ceux échangés sur des applications sécurisées, de mettre le téléphone sur écoute, ou encore d’accéder à la géolocalisation de son utilisateur. Si officiellement Pégasus ne peut servir qu’à surveiller des terroristes et des criminels, une série d’enquêtes menées à l’été 2021 par dix-sept médias, dont Le Monde, et coordonnée par Forbidden Stories avait révélé que de multiples clients l’utilisaient pour espionner des avocats, des militants des droits de l’homme, des journalistes ou des opposants politiques.
Dans un article du 18 janvier, Calcalist, sans dévoiler l’identité de ses sources, décrit pour la première fois et de manière très détaillée plusieurs dossiers, légitimes ou non, dans lesquels le logiciel espion a été utilisé par la police israélienne.
Jusqu’à présent, et malgré d’importants soupçons, aucune preuve de l’utilisation du logiciel par Israël contre ses propres citoyens n’avait été apportée : en novembre 2021, l’ONG Frontline Defenders avait ainsi démontré que les téléphones de plusieurs militants des droits de l’homme palestiniens avaient été infectés par le logiciel espion, sans pouvoir identifier qui était derrière l’opération.
Surveillance politique
Les révélations les plus brûlantes de Calcalist concernent la mise sous surveillance des téléphones de plusieurs opposants à Benyamin Nétanyahou, dont l’identité n’a pas été précisée. « L’ordre de mettre sous surveillance des citoyens qui ne sont coupables ou suspects d’aucun crime a été donné par des hauts responsables de la police, sans un mandat judiciaire et sans la supervision d’un juge », écrit Calcalist.
La police israélienne a contesté les informations du quotidien, affirmant dans un communiqué qu’elle « agit dans le respect des lois, et sollicite, lorsque c’est nécessaire, des décisions de justice [pour la mise sous surveillance de suspects]. » Par ailleurs elle n’a ni infirmé ni confirmé utiliser ou avoir utilisé Pegasus, expliquant qu’elle « ne peut faire aucun commentaire concernant les outils qu’elle utilise ». Le ministre de la sécurité publique, Omer Bar-Lev, a également affirmé qu’aucune surveillance illégale n’était menée par la police, mais a annoncé que des vérifications seraient conduites.
Pour le quotidien Haaretz, « ces informations, si elles sont avérées, montrent à quel point la culture de surveillance secrète du Shin Beth [renseignement intérieur israélien] s’est transmise à la police, qui, incapable de développer de tels outils elle-même, se serait alors tournée vers NSO Group ». Selon Calcalist, Pegasus a commencé à être massivement utilisé par la police après la nomination à sa tête, à la fin de 2015, de Roni Alsheikh, précédemment directeur adjoint du Shin Beth.
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