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Au Nigeria, le difficile retour à la vie des habitants de Maiduguri, hantés par Boko Haram

Par Liza Fabbian

Publié aujourd’hui à 19h00

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ReportageInsécurité, inflation, coupures d’électricité : la capitale de l’Etat du Borno, endeuillé par plus de dix ans d’exactions djihadistes, est toujours vulnérable.

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A Maiduguri, les avenues du centre-ville sont bordées d’arbres luxuriants et de lampadaires ouvragés. En fin d’après-midi, des tournois de football sont organisés sur l’esplanade de l’imposante Mosquée centrale, inaugurée en 2019. Quant au tout nouveau viaduc urbain, orné de fresques aux couleurs vives, il est devenu un lieu de promenade prisé par les badauds. Le passage d’un pick-up de l’armée surmonté d’une mitrailleuse ramène pourtant bien vite à la réalité : celle d’une ville encerclée par des tranchées et surveillée nuit et jour par les militaires.

Le prix de certains produits de base ont été multipliés par trois en quelques années, notamment en raison de l’insécurité qui règne dans tout l’Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria. BÉNÉDICTE KURZEN / NOOR POUR «LE MONDE» Mohammad Abdulahi, 30 ans, garde avec sa famille ce bâtiment appelé « Briques rouges » qui fait partie des quelques infrastructures voulues par l’ancien gouverneur de l’Etat de Borno et achevées sous l’actuel. L’ensemble de petits immeubles est destiné à accueillir des changeurs de monnaie et d’autres marchands. BÉNÉDICTE KURZEN / NOOR POUR «LE MONDE»

Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, a vu naître Boko Haram. Depuis plus d’une décennie, la région vit dans l’ombre de la secte islamiste et sous la menace de ses exactions. Une réalité que les gouverneurs successifs de l’Etat tentent de faire oublier à coups de grands « projets de développement », qui se chiffrent à plusieurs milliards de nairas. Elu en 2019, Babagan Zulum marche dans les pas de son prédécesseur, Kashim Shettima, en défendant « une vision de ce que pourrait être le Borno dans vingt ans. Un Borno qui renouerait avec sa longue histoire, pour redevenir “the home of peace”, « la demeure de la paix », qui est la devise officielle de l’Etat fédéré », explique Vincent Hiribarren, directeur de l’Institut français de recherche en Afrique (IFRA), situé à Ibadan (sud-ouest du Nigeria) et spécialiste de l’histoire de la région.

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Malgré les efforts des dirigeants locaux pour faire de Maiduguri « la vitrine du Borno », la paix et la sécurité y sont des notions toutes relatives. Des incidents sécuritaires rappellent régulièrement la vulnérabilité de la capitale régionale. Ainsi, le 23 décembre 2021, plusieurs explosions ont retenti dans la ville, une heure à peine avant l’arrivée du président nigérian Muhammadu Buhari, en visite officielle. Des roquettes, tirées par les djihadistes ont touché deux quartiers résidentiels. Quatre personnes – une femme et ses trois enfants – ont perdu la vie dans cette attaque, huit autres ont été blessées. Cette attaque visait vraisemblablement l’aéroport de Maiduguri, qui sert aussi de base à l’aviation nigériane, au cœur de la stratégie militaire contre Boko Haram.

Sabotage de deux tours électriques

La ville est presque totalement coupée du réseau électrique national depuis un an. En janvier 2020, les djihadistes du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) − une faction issue de la scission de Boko Haram en 2016 − ont revendiqué le sabotage de deux tours électriques à une cinquantaine de kilomètres de la ville. Deux mois de travail ont été nécessaires pour réparer les infrastructures endommagées dans cette zone très exposée. Enfin rétabli, le courant a été de nouveau coupé trois jours plus tard, après une nouvelle opération de sabotage menée par l’Iswap.

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