Trente-six millions de dollars, soit un peu plus de 31 millions d’euros. Tel est le montant de l’indemnisation que devrait payer la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), aujourd’hui démobilisée, au fils d’Ingrid Betancourt, l’ex-otage franco- colombienne, selon la décision d’un juge fédéral de Pennsylvanie, jeudi 13 janvier.
Mme Bétancourt, aujourd’hui âgée de 60 ans, était candidate à la présidence de la République au moment de son enlèvement sur une route retirée du sud du pays en 2002. Elle a passé plus de six ans en captivité. En 2016, ses ravisseurs signaient la paix et déposaient les armes.
Lawrence Delloye – qui s’appelait alors Lorenzo – avait 13 ans lorsque sa mère a été enlevée. Il a passé son adolescence à l’attendre, ignorant pendant de longues périodes si elle était encore vivante. Le tribunal a relevé que le jeune homme avait vécu une « angoisse émotionnelle significative ».
Colombien par sa mère, Français par son père, le jeune Delloye, né en Californie, est également citoyen américain. C’est à ce titre qu’il a pu saisir la justice américaine et bénéficier de la loi antiterroriste. Ses avocats ont porté plainte en 2018 en Pennsylvanie où l’un des geôliers d’Ingrid Betancourt purge une peine de vingt ans de prison pour trafic de cocaïne.
Le juge américain a condamné solidairement l’organisation et treize de ses anciens commandants, dont Luciano Marin, alias Ivan Marquez. Négociateur officiel de l’accord de paix de 2016, il fait partie des quelques chefs guérilleros qui ont repris le maquis.
Pas de réaction d’Ingrid Betancourt
Pour l’avocat pénaliste Gerardo Barbosa : « La décision de la justice civile américaine a une valeur symbolique importante. Mais, de par son montant et de par la situation des FARC, elle n’aura probablement aucun effet pratique. » Devant le Tribunal pour la paix, mis en place par l’accord de paix, les anciens commandants des FARC ont reconnu leur responsabilité dans la pratique des enlèvements. Et ont demandé pardon à leurs victimes.
Vendredi soir, Ingrid Betancourt n’avait toujours pas réagi à la victoire judiciaire de son fils. Mais elle se faisait épingler sur les réseaux sociaux. Les uns lui reprochent son appât du gain supposé. Les autres sa visibilité internationale, qui ferait de l’ombre aux victimes anonymes. Le soutien qu’elle n’a cessé d’apporter aux négociations de paix lui vaut les critiques de la droite dure.
Pendant toutes ces années, elle n’est réapparue qu’épisodiquement dans son pays. Fin 2021, elle a fait un retour discret sur la scène politique en vue des législatives et de la présidentielle de 2022. « Verde Oxigeno » (Vert Oxygène), le parti qu’elle avait créé pour lancer sa candidature il y a vingt ans, a récupéré son existence juridique. Mme Betancourt, qui aurait décliné une offre de candidature à la vice-présidence, affirme n’avoir d’autre ambition que de « libérer son pays séquestré par la corruption ». Il n’est pas sûr que la décision du juge de Pennsylvanie serve son discours.
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