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« L’emballement démographique de l’Afrique est d’abord un obstacle à son propre développement »

Chronique. « Ruée africaine vers l’Europe », « invasion migratoire », voire « grand remplacement ». Des slogans, alimentés par la réalité d’une natalité galopante au sud du Sahara, peuplent le débat politique. Leur simplisme résiste mal à une analyse rationnelle : la démographie n’est que l’un des multiples facteurs de l’émigration et la majorité des migrants africains résident en réalité… en Afrique même.

Mais critiquer l’instrumentalisation de la démographie africaine comme machine à fantasmes xénophobes ne doit pas empêcher de considérer celle-ci comme hautement problématique. Avant de constituer un défi pour les pays développés, l’emballement démographique de l’Afrique subsaharienne est un véritable fléau pour le continent lui-même, un obstacle majeur à son développement.

Tandis qu’une femme française a en moyenne 1,8 enfant, une Africaine en a 4,4 et même 7 si elle vit au Niger. Au rythme actuel, le milliard d’habitants que compte l’Afrique aura doublé en 2050. Le Nigeria aura détrôné les Etats-Unis comme troisième pays le plus peuplé de la planète (derrière la Chine et l’Inde).

Avec une augmentation de la population de plus de 3 % chaque année au Sahel, la démographie rend illusoire toute perspective de sortie de la pauvreté. Le Niger, pays dont seuls 8 % de la superficie est cultivable, avait 3 millions d’habitants en 1960. Il en aura plus de 40 millions dans vingt ans. Quant au Mali, ses 20 millions d’habitants devraient plus que doubler d’ici à 2050. Même dans des zones moins déshéritées, la forte hausse de la population absorbe largement la croissance économique, perpétue la paupérisation générale et jette dans le sous-emploi ou dans le djihadisme des masses de jeunes sans espoir.

Un sujet ultrasensible

Contrairement à d’autres parties du continent, l’Afrique de l’Ouest, et en particulier le Sahel, n’a pas entamé la transition démographique qui permet une diminution du nombre d’enfants par femme à mesure que décroît la mortalité infantile. Quant au « dividende démographique », qui est dégagé dès lors que la population active pèse davantage que les personnes à charge, le continent est loin de le percevoir, alors que 40 % de sa population a moins de 15 ans.

Longtemps, cette « malédiction de la démographie » était taboue, indicible pour les Européens, anciens colonisateurs. Emmanuel Macron s’est fait traiter de raciste en 2017 après avoir affirmé la vanité des plans d’aide « quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme ». Quant aux Africains, ils ont longtemps évité un sujet ultrasensible, qui touche au plus intime des sociétés, met en jeu des traditions ancestrales, et constitue l’une des clés de la domination des hommes sur les femmes.

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