La Chine semble parfaitement s’accommoder de l’intervention des forces russes au Kazakhstan, après la demande du président Kassym-Jomart Tokaïev, confronté depuis le 2 janvier à un massif mouvement de protestation populaire. Lundi 10 janvier, au cours d’un entretien téléphonique avec son homologue kazakh, le président Xi Jinping a apporté à celui-ci un soutien dénué d’ambiguïté : « Vous avez pris des actions décisives et fortes au moment critique, calmant rapidement la situation, ce qui a montré votre responsabilité et votre engagement en tant qu’homme d’Etat et votre attitude hautement responsable à l’égard du pays et de ses citoyens », a déclaré le numéro un chinois, selon le compte rendu officiel.
Xi Jinping a fait sienne la thèse des dirigeants kazakhs et russes selon laquelle les manifestants qui, début janvier, s’en sont pris au pouvoir fomentaient une « révolution de couleur », sous-entendu étaient manipulés par l’Occident. Pour Xi Jinping, la Chine « s’oppose fermement à toutes les forces qui minent la stabilité du Kazakhstan ». Comme les soldats russes ont pour mission de rétablir l’ordre et « la stabilité », qu’ils interviennent à la demande du pouvoir en place et que leur présence dans le pays n’est en principe que provisoire, la Chine ne semble voir aucun inconvénient à leur présence au Kazakhstan.
Critiquer celle-ci serait d’ailleurs se mettre à dos Moscou et Noursoultan (ex-Astana), mais également les autres pays de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC, qui regroupe, outre la Russie et le Kazakhstan, l’Arménie, la Biélorussie, le Kirghizistan et le Tadjikistan), cadre officiel de cette intervention militaire internationale. Lundi, le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, s’est d’ailleurs entretenu avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, et lui a annoncé que la Chine soutenait l’intervention de l’OTSC « contre les violentes forces terroristes », selon le quotidien chinois Global Times.
Besoin du régime kazakh
Pour Pékin, le Kazakhstan est un maillon important de son programme d’investissement international. C’est d’ailleurs dans la capitale de ce pays d’Asie centrale que Xi Jinping avait évoqué pour la première fois son projet des « routes de la soie ». Pékin a également besoin du soutien, au moins implicite, du régime kazakh à sa politique répressive à l’égard des musulmans (Ouïgours) du Xinjiang. Nombre d’entre eux sont, en effet, d’origine kazakhe et ont de la famille dans ce pays de 18 millions d’habitants.
Le Kazakhstan a, ces dernières années, toujours essayé d’exploiter au mieux sa proximité avec ses deux grands voisins. Si la Chine joue un rôle important dans son développement économique et la Russie un rôle majeur dans sa sécurité militaire, l’ex-république soviétique achète également des armes à Pékin et prend soin de ne pas être trop dépendante des « routes de la soie ». Tant que la Russie et la Chine entretiennent de bonnes relations, ce qui est indubitablement le cas en ce moment, chacun des trois pays y trouve son intérêt.
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