Environ 200 salariés de la Sam, un sous-traitant de Renault situé dans l’ancien bassin minier de Decazeville (Aveyron) dont la liquidation a été prononcée fin novembre, ont manifesté mercredi devant le ministère de l’économie et obtenu plusieurs garanties de la part de Bercy pour régler leur situation.
Principale annonce du ministère selon une source proche du dossier: une prime de 25.000 euros versée par Renault a été proposée à chacun des quelque 340 salariés.
Un geste en réponse aux revendications des ouvriers de la Sam qui occupent leur usine depuis 51 jours et accusent Renault, seul client de l’usine, de les avoir laissé tomber en refusant de soutenir l’unique projet de reprise.
« On a fait beaucoup pour Renault, on a développé une pièce pour eux pour le moteur hybride qu’ils nous ont piqué pour la délocaliser en Roumanie », dénonçait un ouvrier venu manifester à Paris et préférant garder l’anonymat.
Bercy s’est également engagé à « expertiser la possibilité pour des salariés à quelques trimestres de la retraite d’avoir leur pension financée » via le fonds d’accompagnement et de reconversion des salariés de l’automobile.
« Les salariés garderont également leur rémunération à 100% pendant 18 mois s’ils sont en reconversion longue », a assuré une source ministérielle.
Enfin, sur la réindustrialisation, Bercy a reconnu qu’il n’y avait pour le moment aucun projet identifié de reprise de la Sam.
Mais le ministre a souligné le « dynamisme du bassin de Decazeville » où 130 emplois à pourvoir ont été identifiés à moins de 20km permettant « le reclassement d’une petite partie des salariés de la Sam ».
Selon une source ministérielle, il a également indiqué que des projets d’implantation de nouvelles usines pourraient voir le jour à Decazeville citant notamment des acteurs du recyclage de batteries. Des annonces sont attendues courant février début mars assure Bercy.
Pour les salariés venus manifester, la priorité restait cependant la reprise du site.
« On se bat pour la survie de notre bassin de population », expliquait Philippe Ladou, 59 ans dont 38 ans dans l’entreprise.
« Mon père a été licencié en 1987 », quand les usines sidérurgiques ont mis la clef sous la porte, et « on commençait tout juste à s’en relever », a-t-il décrit. Avec la fermeture des mines en 1962, « notre bassin a beaucoup souffert ».
« On demande le droit de travailler au pays », a affirmé David Gistau, délégué CGT. « Il suffit d’appuyer sur un bouton pour que l’usine reparte », défend-il.
Il insiste d’ailleurs sur ces moteurs hybrides ou électriques qui représentent 50% de l’activité du site. « On a besoin d’entreprises comme la Sam pour la transition écologique », a souligné le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, venu en soutien aux manifestants.
« On restera dans l’usine jusqu’à ce qu’on ait un emploi ou bien des indemnités mais si c’est ça, la douleur de voir l’usine éteinte comme ça, elle restera », se désole Philippe Ladou qui craint pour son avenir. « Je vais devoir repartir en intérim, il n’y a que ça qui m’appelle », anticipe-t-il.
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