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Après le Brexit, la City secouée mais règne toujours en Europe

Un an après l’entrée en vigueur effective du Brexit, la City s’est vue doublée par ses rivaux continentaux en courtage d’actions mais n’a pas connu l’exode massif de banquiers redouté et reste la première place financière en Europe.

« Londres est un centre financier mondial depuis des centaines d’années » et les chances que Paris, Amsterdam ou Francfort « ravissent au Royaume-Uni la couronne de premier centre financier européen sont minces », assure Lee Wild, analyste chez Interactive Investor, interrogé par l’AFP.

Les services financiers de la City ont pourtant connu un Brexit plutôt sévère: ils ne sont pas couverts par l’accord commercial entre le Royaume-Uni et l’UE et ne bénéficient pas d’équivalences accordées par l’Union à d’autres pays tiers.

Les échanges d’actions ont souffert dès les premières semaines, les opérateurs britanniques se voyant privés du jour au lendemain du droit de proposer des actions cotées dans l’UE aux clients européens.

Leur valeur a fondu d’environ 40% à Londres en janvier 2021 au profit d’Amsterdam, la place britannique se trouvant désormais reléguée au deuxième rang européen, selon des chiffres de Cboe Global Markets transmis à l’AFP.

Dans une salle de marché, à Londres, le 15 mars 2019 (AFP/Archives – Isabel INFANTES)

Mais la City est un centre financier dominant à l’échelle mondiale sur de nombreux autres marchés comme les opérations de change ou les dérivés, ce qui « écarte toute idée que Paris ou Francfort sont sur le point de prendre la place de Londres », selon une étude publiée en juin par le think tank britannique New Financial.

Londres reste la deuxième place financière au monde derrière New York, loin devant ses rivaux européens, selon le Global Financial Centres Index 2021 – un classement de référence de deux think tank basés à Londres et Shenzhen.

– Ecosystème –

La City « offre un écosystème de banques, conseillers, avocats, gestionnaires de fonds et de fonds spéculatifs qui sert un vaste réservoir de liquidités », explique Russ Mould, analyste d’AJ Bell, à l’AFP.

Selon le cabinet EY, quelque 44% des sociétés de services financiers ont pourtant déplacé ou prévoient de déplacer des opérations ou du personnel du Royaume-Uni vers l’UE pour pouvoir y exercer, et les transferts d’actifs annoncés totalisaient fin 2021 1,3 milliard de livres.

Les tours de plusieurs grandes banques, comme Citi, HSBC et Barclays, dans le quartier d’affaires de Canary Wharf, à Londres le 11 décembre 2020 (AFP/Archives – Tolga Akmen)

Dublin et Luxembourg accueillent le plus grand nombre de déménagements de bureaux mais c’est Paris qui reçoit le plus de personnel. Le président Emmanuel Macron avait inauguré en juin les nouveaux locaux parisiens de la banque américaine JPMorgan, en prévision du transfert de plusieurs centaines de traders.

Des banques britanniques ont par ailleurs mis fin à certaines relations commerciales avec des clients localisés en Europe.

Mais l’échelle des déplacements de personnel a été revue à la baisse et ne concerne au total que 7.400 emplois, selon EY. Une goutte d’eau, le Royaume-Uni employant plus d’un million de personnes dans les services financiers, dont quelque 400.000 à Londres.

Et selon la société de conseil en recrutement Morgan McKinley, plus de 30.000 emplois ont été créées dans le secteur financier britannique en 2021, qui a continué à prospérer malgré le Brexit.

Certaines estimations évoquaient jusqu’à 100.000 transferts d’emplois du Royaume-Uni vers l’UE. « Nous n’avons pas assisté à un exode en raison du Brexit, et il est désormais peu probable que cela se produise un jour », estime Hakan Enver, directeur général de Morgan McKinley.

– « Lente déflation » –

A terme, la City risque plutôt « une +lente déflation+ » et « un déplacement des activités vers d’autres centres, très probablement aux États-Unis ou en Asie », abonde l’un des principaux lobbies financiers de Londres, TheCityUK.

A l’entrée de la Bourse de Londres, le 29 décembre 2020 (AFP/Archives – Tolga Akmen)

Les 122 introductions en Bourse qui ont permis de lever 16,8 milliards de livres en 2021 – un record depuis 2007 – sont un autre signe que la place de Londres reste attractive, même si elle profite d’un élan mondial.

Les chambres de compensation britanniques, pour l’instant sans rivales sur le continent, bénéficient pour leur part d’une autorisation provisoire de l’UE.

Mais c’est une exception: « l’UE a clairement indiqué que des équivalences ne seraient pas accordées de sitôt au Royaume-Uni », explique Catherine McGuinness, cheffe politique de la City, dans une déclaration à l’AFP, appelant la finance britannique à regarder au delà de l’Europe.

Le Royaume-Uni « doit continuer à travailler à rendre le secteur des services financiers encore plus compétitif au niveau international », assure-t-elle, même s’il est « essentiel d’avoir un dialogue régulier avec l’UE »,

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