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Les soldes d’hiver démarrent dans une ambiance morose

C’est parti pour un mois de soldes d’hiver, de mercredi jusqu’au 8 février. Mais les commerçants, « pas sûrs de faire le chiffre » espéré, craignent que l’épidémie de Covid-19 ne dissuade les consommateurs de faire la chasse aux bonnes affaires, en tout cas en boutiques.

« Avec tout ce qui se passe au niveau sanitaire », Anna Sanchez, directrice de la boutique Mango de Strasbourg, était plutôt fataliste à la veille du coup d’envoi des soldes. « Notre objectif, ça serait d’essayer de faire aussi bien » qu’en 2019, mais « avec le nombre de contaminations actuel, on n’est pas sûr d’y arriver ».

« L’inquiétude est forte, on voit que la décision de mettre tout le monde au télétravail (pour endiguer la propagation du Covid-19) a déjà eu un impact non négligeable sur l’afflux en boutiques », alertait lundi Florence Bonnet-Touré, la secrétaire générale de la Fédération nationale de l’habillement (FNH), qui représente les commerces indépendants du secteur.

« Les clients, on les attend de pied ferme. Mais regardez comme c’est calme, il n’y a pas un chat dans les rues! », s’inquiétait Joëlle Allègre, copropriétaire du magasin Shoes Art dans le quartier des Chartrons à Bordeaux, mardi à la veille du début des soldes. « On a l’impression que les soldes, ce n’est pas vraiment la priorité. »

« Mercredi, ça sera quitte ou double », abondait Clémence du Curia, vendeuse chez Aigle à Strasbourg. « Des clients me disent que pendant les soldes, on est trop serré, qu’il y a trop de monde… C’est vrai que ce n’est pas idéal. Mais je reste optimiste, j’ai envie de croire que ça va marcher ».

Dans ce contexte incertain, les commerçants pourraient être tentés de casser les prix de manière significative, pour bien lancer la période. « On voit déjà des ventes privées à 50%. Les soldes vont démarrer très, très fort car on ne sait pas ce qui va se passer après », estime Christian Baulme, président de la Ronde des quartiers qui représente 400 commerçants de Bordeaux.

« C’est sans fin » 

La période a en tout cas perdu de sa singularité avec l’émergence des promotions et ventes privées. « On avait déjà remarqué ces dernières années qu’on travaillait mieux certains jours avant les soldes que pendant les soldes », explique Lilit, vendeuse à la boutique Géox de Strasbourg où de nombreux articles affichent déjà -20% ou -30% dans le cadre de ventes privées.

« Les soldes c’était bien il y a 5 ou 6 ans, il y avait le rush le mercredi, beaucoup de monde le samedi, on travaillait à six dans le magasin avec des intérimaires alors que maintenant on n’est plus que 2,5 temps pleins », poursuit-elle. Actuellement, la clientèle de la boutique, plutôt âgée, « a peur du Covid » et a en plus « appris à acheter sur Internet, où il y a des promotions toute l’année », souligne-t-elle.

Le contexte d’inflation risque de peser sur les ventes, car quand les autres postes de dépenses sont plus importants, les consommateurs diminuent le budget alloué aux dépenses de mode. De quoi préoccuper les commerçants: 8 commerçants indépendants sur 10 se déclarent inquiets pour la pérennité de leur activité commerciale en 2022, selon la FNH.

De quoi pousser, aussi, à trouver d’autres modèles économiques, moins dépendants des prix cassés: ainsi à Bordeaux, Maxime Razes, qui gère la boutique Do you speak français ?, vendant des articles uniquement Made In France, ne fera, lui, pas de soldes.

« On estime que le prix du produit est juste pour les producteurs français. Il n’y a pas de raison que le produit soit dévalorisé à une période de l’année », explique-t-il. « Si on fait les soldes, il faut en faire tout le temps, des ventes privées… c’est sans fin ».

(avec AFP)

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