C’était un moment historique pour l’écologie politique allemande. Mardi 11 janvier, l’écologiste Robert Habeck, vice-chancelier du gouvernement et chef du super ministère de l’économie et de la protection du climat, a annoncé son programme d’urgence pour réduire drastiquement les émissions carbone de la quatrième économie mondiale. La mission, qui doit aussi stimuler l’innovation et la compétitivité du pays, est une des grandes priorités du nouveau gouvernement Scholz, qui a pris ses fonctions en décembre 2021.
Jamais encore à Berlin les deux portefeuilles, longtemps considérés comme antagonistes, n’avaient été rassemblés. Pour la première fois de son histoire, l’industrie allemande a accepté de placer son ministère clé sous la responsabilité d’un ministre écologiste, qui défend la réconciliation de l’écologie et de l’économie… à condition que cette dernière se décarbone rapidement.
Robert Habeck n’avait, mardi matin, plus trace du sourire qu’il arborait encore au moment de l’aboutissement des négociations de coalition, fin novembre 2021. Et pour cause : il a dressé un bilan sans concessions du « retard draconien » de l’Allemagne en matière de protection du climat. Il a confirmé ce qui se dessinait ces derniers mois : après une baisse importante des émissions de CO2 en 2020 liée aux effets exceptionnels du Covid-19 sur l’activité, elles sont reparties à la hausse et devraient afficher, en 2021, une augmentation de 4 %.
L’Allemagne va non seulement rater l’objectif de baisse pour 2021, 2022 et 2023, mais elle est également sur la mauvaise voie pour atteindre ceux de 2030. Si rien n’est fait, le pays devrait avoir réduit à cette date sa production de gaz à effet de serre de 50 %, et non de 65 %, par rapport à leur niveau de 1990. « Exprimé en chiffres absolus, c’est 200 millions de tonnes de CO2 de trop », a déclaré M. Habeck, en arborant un graphique représentant l’écart constaté, béant, entre la trajectoire d’émissions actuelles, correspondant aux mesures déjà engagées par Berlin, et celle qui serait nécessaire pour atteindre la neutralité carbone en 2045.
La tâche à accomplir est « gigantesque »
Jamais encore un bilan aussi déconcertant n’avait été livré par le ministère de l’économie, qui se contentait habituellement de célébrer la progression des renouvelables. Or, depuis trois ans, le développement de l’électricité d’origine éolienne, qui doit fournir le gros des efforts, fait du quasi-surplace. Dans le solaire, les efforts ont également ralenti ces dernières années. C’est le terrible bilan des dernières années Merkel, qui a pourtant longtemps été surnommée la « chancelière du climat ».
Il vous reste 47.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article En Allemagne, le gouvernement dévoile son programme d’urgence pour le climat est apparu en premier sur zimo news.