La croissance mondiale va ralentir cette année et un scénario du pire n’est pas exclu sous l’effet du variant Omicron, qui se répand comme une trainée de poudre sur tous les continents accentuant pénurie de main d’œuvre et problèmes logistiques, a prévenu mardi la Banque mondiale.
L’institution a révisé en baisse de 0,2 point sa prévision de hausse de PIB mondial pour 2022, à 4,1%, après 5,5% en 2021, également en baisse de 0,2 point par rapport à l’estimation de juin dernier.
Mais, selon différentes hypothèses, « les perturbations économiques simultanées provoquées par Omicron pourraient réduire davantage la croissance mondiale cette année, de 0,2 à 0,7 point de pourcentage », indique l’institution, ce qui ferait tomber la croissance à 3,9% voire 3,4%.
Dans ce scénario du pire, « la grande partie du choc se ferait sentir au premier trimestre 2022, suivi d’un rebond notable au deuxième trimestre », précise-t-elle.
« Le Covid-19 continue de faire des ravages, en particulier au sein de la population des pays pauvres », a déploré David Malpass, son président lors d’une conférence téléphonique, soulignant que l’on assistait à un « renversement troublant » de la réduction de la pauvreté, de l’amélioration de la nutrition et de la santé.
Il s’est aussi alarmé de l’impact sur l’éducation: « la proportion d’enfants de 10 ans qui ne savent pas lire une histoire de base est passée de 53% à 70% dans les pays à revenu faible et intermédiaire ».
– Cicatrice à vie? –
« Je suis très inquiet de la cicatrice permanente » que la pandémie va laisser en matière de développement, a-t-il ajouté.
« Le variant Omicron nous montre encore une fois que la pandémie est toujours parmi nous », a souligné de son côté Ayhan Kose, responsable des prévisions de la Banque mondiale, dans un entretien avec l’AFP.
Il souligne que cette quatrième vague entraîne pour le moment moins de restrictions que la vague initiale de 2020. « Et si la vague venait à s’atténuer bientôt, l’impact économique serait plutôt bénin ».
Mais « si le variant venait à s’installer durablement, avec un nombre d’infections demeurant élevé et mettant sous pression les systèmes de santé, alors la croissance serait plus faible », note-t-il.
Car dans un tel scénario, les pénuries de main d’œuvre s’accentueraient, perturbant davantage les chaînes d’approvisionnement mondiales et alimentant l’inflation. Face à une inflation galopante, la banque centrale américaine (Fed) pourrait remonter brutalement les taux, ce qui renchérirait le coût de l’emprunt pour les pays émergents, déjà soumis à un endettement record.
Dans ce contexte, la confiance des entreprises et des ménages est susceptible de s’éroder conduisant à un ralentissement de la consommation et des flux commerciaux.
Pour 2022, la Banque mondiale a déjà révisé en baisse la croissance du volume du commerce mondial, à 5,8% (-0,5 point) après un rebond de 9,5% l’an passé.
– Etats-Unis et Chine pas épargnés –
Ayhan Kose souligne que la vaccination reste l’élément clé. Car la menace de nouveaux variants plus transmissibles ou virulents persistera tant qu’une part substantielle de la population mondiale ne sera pas vaccinée.
« La part de la population vaccinée dans de nombreuses économies devrait dépasser 70% d’ici la mi-2022, mais les perspectives de progrès de la vaccination restent incertaines dans un certain nombre de pays », notamment les pays pauvres, observe la Banque mondiale.
Au rythme actuel de vaccination, « seulement environ un tiers de la population des pays à faibles revenus n’aura reçu ne serait-ce qu’une seule dose de vaccin, d’ici la fin de 2023 », déplore-t-elle dans son rapport.
Les deux premières puissances du monde, les Etats-Unis et la Chine, moteurs de la croissance mondiale, ne sont pas épargnées par le ralentissement et la menace d’Omicron, relève aussi la Banque mondiale.
La croissance américaine a ainsi été révisée en nette baisse pour 2022 à 3,7% (-0,5 point) après 5,6% en 2021 (-1,2 point). Et, « une inflation tenace et un resserrement encore plus rapide de la politique monétaire pourraient conduire à une croissance plus faible que prévu ».
La croissance chinoise est, elle, désormais estimée à 5,1% (-0,3 point) contre 8% (-0,5 point) en 2021. « La possibilité d’un ralentissement marqué et prolongé du secteur immobilier fortement endetté – et ses effets potentiels sur les prix des logements, les dépenses de consommation et le financement des collectivités locales – constitue un risque de baisse notable pour les perspectives » de l’économie chinoise, conclut la Banque.
Le Fonds monétaire international (FMI) doit publier ses propres prévisions le 25 janvier.
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