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A Genève, Washington et Moscou parviennent à se parler mais se heurtent toujours à la question de l’élargissement de l’OTAN

Les vice-ministres des affaires étrangères américain et russe, à Genève, en Suisse, le 10 janvier 2022. DENIS BALIBOUSE / POOL VIA AP

Wendy Sherman le dit elle-même. La numéro deux du département d’Etat américain n’aborde pas le dialogue diplomatique avec la Russie en termes de « confiance », mais de résultats. Pour l’heure, se parler constitue en soi un progrès, par rapport aux menaces d’intervention militaire russe en Ukraine et à l’escalade verbale des dernières semaines. La diplomate et son homologue Sergueï Riabkov, qui se sont entretenus pendant près de huit heures, lundi 10 janvier à Genève, se connaissent de longue date. Ils ont développé une familiarité professionnelle qui facilite le respect des formes.

Les deux parties ont promis de poursuivre ce dialogue de stabilité stratégique. Mais sur le fond, la Russie et les Etats-Unis conservent des positions irréconciliables – confirmées à la presse après la rencontre – sur un point central de contentieux : le renoncement formel, réclamé par Moscou, à tout nouvel élargissement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). La réunion du Conseil OTAN-Russie, le 12 janvier, devrait mettre ce gouffre en exergue.

La Russie, qui dispose de près de 100 000 soldats le long de sa frontière avec l’Ukraine, demande à l’Alliance atlantique de revenir sur son engagement formel pris lors du sommet de Bucarest au printemps 2008, quelques mois avant la guerre en Géorgie. A l’époque, les pays de l’Alliance avaient « décidé que [la Géorgie et l’Ukraine] deviendraient membres de l’OTAN », selon le communiqué final. Aujourd’hui, l’Alliance n’est pas du tout pressée de traduire cette promesse en actes. Elle est davantage focalisée sur l’actualisation de son concept stratégique.

Menace de sanctions contre la Russie

Mais Moscou veut que cet abandon soit formalisé à l’occasion du prochain sommet de l’organisation, fin juin à Madrid. « Des garanties juridiques significatives, en béton armé, nous sont indispensables, et pas des promesses », a expliqué Sergueï Riabkov. Le diplomate russe se doute qu’une telle exigence est inacceptable pour Washington, à différents titres. Sur le principe, la Russie ne peut dicter ses termes à l’Alliance, au nom de sa sphère d’influence et au mépris du droit de ces peuples à décider de leur orientation géostratégique. Ensuite, un tel renoncement provoquerait une crise existentielle dans l’OTAN, parmi ses membres les plus récents en Europe orientale. « Nous n’accepterons pas qu’un pays dispose d’un veto sur un autre, lorsqu’il s’agit de faire partie de l’alliance de l’OTAN », a expliqué Wendy Sherman. De même, l’idée d’une diminution de la présence militaire américaine en Europe orientale « n’est pas un sujet de conversation », selon la diplomate.

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