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« L’affaire Theranos devrait inciter la Silicon Valley à faire preuve d’introspection et d’autocritique »

Elizabeth Holmes est-elle une brebis galeuse de la Silicon Valley ou bien, au contraire, le produit des excès d’une culture entrepreneuriale qui, sous couvert d’innovation, est prête à toutes les manipulations pour parvenir à ses fins : la fortune et la gloire ? Quelques jours après la fin du procès retentissant de la fondatrice de Theranos, une start-up spécialisée dans les tests sanguins, la question se pose avec d’autant plus d’acuité que le tribunal de San José (Californie), devant lequel elle comparaissait, l’a reconnue coupable d’escroquerie envers des investisseurs. Une décision suffisamment rare pour inciter le microcosme des entrepreneurs et de ceux qui les financent à faire preuve d’introspection et d’autocritique.

Il aura fallu quinze ans pour s’apercevoir que la pépite n’était en fait qu’une coquille vide. La fausse promesse reposait sur un procédé capable de faire 200 tests sanguins à partir d’une seule goutte de sang. Un mensonge qu’Elizabeth Holmes a méticuleusement entretenu avec la complicité du patron opérationnel de la société, Ramesh « Sunny » Balwani, qui sera jugé à son tour dans les prochaines semaines. Leur capacité à faire prendre des vessies pour des lanternes leur a permis de lever plusieurs centaines de millions de dollars auprès d’investisseurs peu regardants et de valoriser la société jusqu’à 9 milliards de dollars (7,9 milliards d’euros) en 2015, juste avant que la supercherie ne soit révélée par le Wall Street Journal.

Méthodes douteuses

Depuis, nombreux sont ceux qui, au sein du petit monde de l’innovation, ont bien pris soin de prendre leurs distances avec la star déchue. Tribunes et articles se sont multipliés pour appeler à ne pas mélanger les torchons et les serviettes. Reste que, pendant quinze ans, personne n’a tiré la sonnette d’alarme sur les méthodes douteuses de Mme Holmes.

Surtout, avant sa déchéance, Elizabeth Holmes a usé et abusé des mêmes ficelles que d’autres ont utilisées avant elle dans la Silicon Valley pour faire croire qu’ils étaient sur le point de « changer le monde ». Le juge Edward Davila, chargé de l’affaire, a d’ailleurs mis en cause cette culture de l’optimisme forcené, déconnecté des réalités, dans laquelle l’arrogance est encouragée et l’autopersuasion devient une drogue dure. Faute d’une technologie au point, il faut convaincre avec ses idées et sa personnalité, avec le risque qu’à l’arrivée ne reste que du vent. « Il est courant dans la Silicon Valley que ses partisans se livrent à ce type de comportements », expliquait-il juste avant l’ouverture du procès en mai 2021.

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