Tribune. Osons créer de véritables universités de l’Union européenne (UE), puissantes, non virtuelles et de plein exercice, pour contribuer à relever les défis contemporains auxquels l’Europe est confrontée !
Dotée d’un campus central, d’une gouvernance et d’un budget uniques, chacune de ces universités de plein exercice bénéficierait de trois ou quatre campus délocalisés répartis dans l’UE, permettant mobilité et acceptabilité politique. Pratiquement, le socle de financement public de chacune d’elles serait européen, sous la seule tutelle de l’UE pour faciliter la gouvernance. Comme le dit Patrick Aebischer, ex-président visionnaire de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne : « Il faut trois choses pour devenir une grande université d’excellence : 10 000 à 15 000 étudiants maximum inscrits, 500 laboratoires et un budget de 1 milliard d’euros. En dessous, vous n’avez que très peu de chances de figurer dans le top 10 des classements internationaux. »
Ces universités de l’UE ne modifieraient aucun des systèmes nationaux avec les universités desquels elles collaboreraient, mais permettraient d’innover en agissant directement à l’échelle européenne. Leur création s’appuierait sur des précédents scientifiques européens remarquables (le Conseil européen de la recherche, le CERN, les laboratoires européens de biologie moléculaire) ou sur des réussites industrielles, comme Airbus. Ces universités de l’UE pourraient rapidement prendre place parmi les grandes universités mondiales en termes de formation, de recherche et d’innovation – les trois missions essentielles de toute université – tout en donnant un signal fort d’unité et d’ambition pour l’UE.
Réponse ambitieuse
Une telle création permettrait de peser dans la concurrence mondiale dans les domaines scientifique et industriel. L’Europe doit construire des universités aussi puissantes que les universités américaines et asiatiques et, demain, indiennes, pour atteindre la compétitivité scientifique et technologique indispensable à la souveraineté et à l’innovation. Cette ambition impose de dégager des moyens importants, difficiles à atteindre au niveau national, mais qui sont à portée de main pour la puissance économique qu’est l’UE.
La création d’universités de l’UE éviterait l’émiettement des financements, peu propice au développement scientifique de long terme, notamment pour les sciences expérimentales coûteuses, telles les sciences de la vie. Les difficultés rencontrées pour produire des vaccins contre le Covid-19 en Europe, la mainmise des GAFA sur l’intelligence artificielle, les lanceurs spatiaux américains et, demain, la fusion contrôlée issue d’un spin-off [création d’une nouvelle entreprise] du MIT bien avant que n’aboutisse le projet de réacteur thermonucléaire expérimental international porté par les nations européennes, nourrissent un sentiment de déclassement international européen. Dans ce contexte, la création d’universités de l’UE constituerait une réponse ambitieuse en matière scientifique, technologique et industrielle.
Il vous reste 51.71% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article « Créons des universités de l’Union européenne » est apparu en premier sur zimo news.