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Comment Vladimir Poutine a ressuscité l’OTAN

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à Bruxelles, le 7 janvier 2022. JOHN THYS / AFP

Analyse. Replacée au centre des grands enjeux géostratégiques et revenue à son cœur de métier – affronter la menace russe –, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) doit une fière chandelle à Vladimir Poutine : sans le président russe, sans ses menaces sur l’Ukraine et ses improbables revendications pour la protection de ce qu’il considère comme la sphère d’influence de son pays, elle se débattrait encore dans ses angoisses existentielles. La voici soudain requinquée, autorisée à affirmer par exemple, comme le faisait récemment son secrétaire général, Jens Stoltenberg, que le risque d’un conflit armé en Europe est « réel ».

Les récentes années furent, pourtant, très difficiles. En 2019, le président de la France, seul pays de l’Union européenne à être « doté » – à savoir, selon le jargon des experts, qu’il dispose de l’arme nucléaire et d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU – décrétait l’Alliance en état de « mort cérébrale ». De 2017 à 2020, de douloureuses querelles sur le « partage du fardeau » et la raison d’être de l’organisation étaient alimentées, durant quatre ans, par l’administration Trump. Quant au piteux retrait d’Afghanistan, en 2021, il scellait sans doute la fin de l’objectif de « nation building » assigné à une Alliance sortie de son rayon d’action habituel.

Conflit latent

Enfin, un conflit latent oppose toujours, au sein même de la structure, les défenseurs du « tout pour l’Alliance », soutenus par M. Stoltenberg, et les partisans d’une Europe de la défense qui sèment la confusion : ce projet ne pourra être confondu avec la défense de l’Europe tant que celle-ci ne sera pas davantage unifiée, dotée de forces intégrées et mobilisables, d’une chaîne de commandement et d’une véritable autorité politique. En clair, tant que l’Europe ne sera pas une fédération – ce qui, à l’évidence, reste une utopie –, c’est bien l’OTAN qui continuera à assurer la protection du continent.

Les débats sur l’adhésion qui ont surgi très récemment en Finlande et en Suède, deux Etats partenaires mais jusqu’ici non membres de l’Alliance, sont un autre signe que c’est toujours dans le cadre otanien, et pas ailleurs, que beaucoup d’Européens envisagent la défense du territoire ; c’est d’autant plus vrai qu’ils font face à une Russie qui entend sciemment tester leur détermination. Elle affirme, à tort, avoir reçu au début des années 1990 l’assurance que l’OTAN ne s’étendrait pas jusqu’à ses frontières. En réalité, c’est elle qui a violé le mémorandum signé à Budapest en 1994 avec Washington et Londres, qui prévoyait le respect des frontières de l’Ukraine, de son indépendance et de sa souveraineté. En échange, Kiev abandonnait les armes nucléaires stockées sur le territoire ukrainien.

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