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Au Venezuela, l’opposition conquiert le fief familial d’Hugo Chavez

Le candidat de l’opposition Sergio Garrido (au centre) fête sa victoire à l’élection du gouverneur de l’Etat de Barinas, au Venezuela, dimanche 9 janvier 2022. MATIAS DELACROIX / AP

Le chavisme a perdu le Barinas. Dans cet Etat de l’ouest du Venezuela, terre natale et fief familial de feu Hugo Chavez (1999-2013), les électeurs sont revenus aux urnes, dimanche 9 janvier, pour élire leur gouverneur, la Cour suprême ayant annulé le scrutin prévu le 21 novembre 2021 dans cette circonscription. Et cette fois, le candidat de l’opposition, Sergio Garrido, 54 ans, a remporté le vote haut la main avec 55,36 % des suffrages. Le candidat du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), Jorge Arreaza, 48 ans, est arrivé en deuxième position avec 41,27 %.

Cette victoire locale de l’opposition ne modifie guère la carte électorale, le PSUV, au pouvoir, ayant remporté 19 des 23 Etats en lice en novembre, infligeant une sévère défaite à une opposition très divisée. Mais elle a valeur symbolique. Depuis vingt ans, l’Etat de Barinas était gouverné par un membre de la famille d’Hugo Chavez, son père d’abord, ses deux frères ensuite.

D’aucuns veulent croire que la victoire de M. Garrido est de nature à changer la donne politique au niveau national. « Barinas, berceau et tombe du chavisme », lance un opposant sur Twitter. « Ce n’est peut-être pas le début de la fin, considère, plus prudent, Cesar Batiz, directeur du média El Pitazo. Mais il est effectivement permis d’espérer que le poids symbolique de cette victoire relance l’unité de l’opposition et provoque des fractures au sein du pouvoir en place. »

Le scrutin s’est déroulé sans incident majeur

La victoire dans le Barinas donne raison à l’aile modérée de l’opposition qui, après plusieurs années de boycott électoral, avait accepté de participer au scrutin du 21 novembre 2021 et défend l’option d’une transition démocratique. L’aile radicale continue de prôner l’abstention, considérant que la participation électorale fait le jeu du pouvoir.

Quelque 600 000 électeurs étaient appelés à voter. Le scrutin s’est déroulé sans incident majeur. En début d’après-midi, les deux camps se réjouissaient de l’augmentation du nombre de votants par rapport au scrutin précédent. Puis, un peu avant 22 heures, Jorge Arreaza a reconnu sa défaite sur Twitter. « Les informations que nous recevons des structures du PSUV indiquent que, même si nous avons progressé en nombre de voix, nous n’avons pas atteint notre objectif. » Sa défaite a créé la surprise : le pouvoir n’avait pas lésiné sur les moyens pour assurer sa victoire.

En novembre, la justice avait annulé le scrutin alors que le candidat de l’opposition, Freddy Superlano, menait avec 37,6 % des voix, contre 37,21 % pour Argenis Chavez, le gouverneur en place qui a finalement renoncé à se représenter. Les opposants ont évidemment crié à la fraude et dénoncé, une fois encore, le manque d’indépendance des autorités électorales et des juges. Comme pour leur donner raison, le Conseil national électoral a ensuite déclaré inéligibles Freddy Superlano, puis sa femme, qui avait été pressentie pour le remplacer. L’opposition n’a eu d’autre choix, alors, que de désigner comme candidat pour le scrutin du 9 janvier un élu local, très peu connu des électeurs.

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