Les Etats-Unis ont averti dimanche 9 janvier la Russie d’un risque de « confrontation », avant le début de pourparlers sous haute tension à Genève pour tenter de désamorcer la crise qui se joue autour de l’Ukraine et, au-delà, essayer de rapprocher des visions en apparence irréconciliables sur la sécurité en Europe.
Quelques heures auparavant, la Russie avait refusé toute « concession » pour ces négociations. « Cela est complètement exclu, a affirmé aux agences de presse russes le vice-ministre des affaires étrangères, Sergueï Riabkov. Nous sommes déçus des signaux venant ces derniers jours de Washington, mais aussi de Bruxelles. »
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a estimé sur CNN qu’il y avait « une voie de dialogue et de diplomatie pour essayer de résoudre certains de ces différends et éviter la confrontation ».
« L’autre voie est celle de la confrontation et de conséquences massives pour la Russie si elle renouvelle son agression de l’Ukraine. Nous sommes sur le point de voir quelle voie le président Poutine est prêt à emprunter. »
Une première conversation dimanche soir
Cet échange diplomatique à hauts risques commence cette semaine à Genève par un face-à-face des vice-ministres des affaires étrangères des deux puissances rivales, l’Américaine Wendy R. Sherman et M. Riabkov. Un haut responsable de la Maison Blanche a précisé que Russes et Américains « auraient probablement une première conversation dimanche soir » avant l’ouverture des discussions lundi.
Il se poursuivra avec une réunion OTAN-Russie mercredi à Bruxelles, puis par une rencontre jeudi à Vienne de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), pour inclure les Européens, qui redoutent d’être marginalisés. « Les Européens ne doivent pas être absents de la table de négociation », a déclaré dimanche le secrétaire d’Etat français chargé des affaires européennes, Clément Beaune. De Paris à Berlin en passant par Bruxelles, les appels se sont multipliés pour faire une vraie place à la table des négociations aux pays du Vieux Continent, et notamment l’Union européenne, face au Kremlin, qui semble vouloir privilégier le tête-à-tête russo-américain. Jusqu’à présent, Joe Biden a échaudé ses alliés européens en donnant l’impression de faire cavalier seul en Afghanistan ou dans sa stratégie pour contrer Chine.
Les Occidentaux et Kiev accusent les Russes d’avoir massé près de 100 000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d’une potentielle invasion, et ont menacé le président russe de sanctions « massives » et sans précédent s’il attaquait à nouveau le pays voisin. Ces mesures pourraient aller jusqu’à couper la Russie des rouages de la finance mondiale ou à empêcher l’entrée en fonction du gazoduc Nord Stream 2, cher au Kremlin. Ils cherchent ainsi à montrer qu’ils sont plus déterminés cette fois qu’en 2014, lorsque Moscou a annexé la Crimée ukrainienne sans que l’alliance américano-européenne ne parvienne à lui faire faire marche arrière.
« Le risque d’un nouveau conflit est réel »
Le président Poutine, qui s’est entretenu à deux reprises avec son homologue américain depuis le début de cette nouvelle crise, a prévenu que de nouvelles sanctions seraient une « erreur colossale » et a menacé à son tour d’une réponse « militaire et technique ».
Pour le Kremlin, c’est l’Occident qui provoque la Russie en stationnant des militaires à ses portes ou en armant les soldats ukrainiens qui combattent des séparatistes prorusses dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Il réclame donc un grand traité excluant l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN et le retrait des soldats américains des pays les plus orientaux de l’Alliance atlantique.
Or, non seulement les Américains assurent ne pas être prêts à réduire leurs effectifs en Pologne ou dans les pays baltes, mais ils menacent au contraire de les renforcer si les Russes passent à l’offensive. « Le risque d’un nouveau conflit est réel », a prévenu vendredi le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
Au-delà de la crise ukrainienne, Washington espère profiter des pourparlers pour remettre sur les rails les relations américano-russes, au plus bas depuis la fin de la guerre froide. Et peut-être obtenir des progrès dans d’autres dossiers tels que le désarmement.
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