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Défense européenne : « Le système communautaire n’est pas une menace à la souveraineté, mais un moyen de la préserver »

Tribune. L’un des principaux marqueurs du quinquennat d’Emmanuel Macron sera incontestablement l’européisme. Les discours prononcés et les symboles utilisés par le président de la République au sujet de l’Europe ont été audacieux, et ce dès le soir de son intronisation électorale, le 7 mai 2017, au Louvre, lorsqu’il s’est présenté devant le peuple français sous les notes de l’Ode à la joie.

En termes rhétoriques et emblématiques, Macron est allé très loin. Dans le domaine de la défense, en particulier, il n’a pas hésité à surprendre et à casser les tabous. Il a par exemple lancé les notions d’« autonomie stratégique » et de « souveraineté européenne », en les clamant aux quatre vents. Il a bousculé ses alliés en dénonçant la « mort cérébrale » de l’OTAN. Il est même allé jusqu’à caresser l’idée d’une « armée européenne », alors qu’aucun autre président français n’avait jamais osé prononcer ces deux mots l’un après l’autre.

Ces expressions n’ont rien d’anodin venant de la bouche du chef de l’Etat d’un pays comme la France, profondément attaché à sa souveraineté nationale. En cela, Emmanuel Macron a assurément marqué une rupture de langage par rapport à ses prédécesseurs. Peut-on dire pour autant que la politique européenne de la France a changé dans sa substance ? En matière de défense, la réponse doit être nuancée, contrairement à la rhétorique de Macron.

Nécessité de renforcer la méthode communautaire

Certes, le langage en politique a un poids incontestable. Casser les tabous peut avoir des effets surprenants à long terme. Néanmoins, à ce jour, la posture de Paris n’a pas vraiment évolué par rapport au passé. Hier comme aujourd’hui, elle repose sur la fameuse vision intergouvernementale de l’Union européenne (UE) qu’autrefois Charles de Gaulle appelait « Europe des nations ».

Selon cette approche, si la France doit contribuer à asseoir le rôle de l’Union dans le monde, elle doit le faire en intensifiant les coopérations souveraines entre les Etats membres, plutôt qu’à travers un approfondissement qualitatif du processus d’intégration en tant que tel. En d’autres termes, et contrairement à d’autres pays ayant une rhétorique européenne plus discrète, comme l’Allemagne, la France demeure réticente à toute action visant à renforcer la méthode communautaire et le rôle des institutions supranationales de l’UE, telles que la Commission ou le Parlement européen.

Sur ce point, Emmanuel Macron n’est pas si différent que ses prédécesseurs : il veut plus d’Europe, mais pas forcément plus d’intégration. Cette inclination à privilégier la coopération plutôt que l’intégration, toutefois, risque de desservir les ambitions de Macron. Et cela pour une raison très simple : le système intergouvernemental ne mènera l’Europe nulle part, contrairement au système communautaire, qui a fait ses preuves au cours des décennies.

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