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L’armée suisse bannit WhatsApp, Signal et Telegram et choisit une messagerie locale

La recommandation d’utiliser la messagerie Threema s’applique à tous les membres de l’armée suisse, y compris aux conscrits qui viennent pour la première fois faire leur service militaire. ALESSANDRO DELLA VALLE / AP

L’armée suisse a interdit les messageries WhatsApp, Signal et Telegram lors des opérations de services, lui préférant une messagerie suisse, a annoncé jeudi 7 janvier un porte-parole de l’armée, confirmant une information du quotidien suisse alémanique Tages-Anzeiger.

Fin décembre, l’armée suisse a envoyé un courriel à tous les commandants et chefs d’état-major, pour demander aux militaires d’utiliser la messagerie suisse Threema, a dévoilé Tages-Anzeiger. La recommandation s’applique « à tout le monde », y compris aux conscrits qui viennent pour la première fois faire leur service militaire, mais aussi à ceux qui reviennent pour la période dite des « cours de répétition », dans ce pays où les appelés doivent régulièrement revenir dans l’armée au cours des années suivantes pour s’entraîner, a précisé Daniel Reist, le porte-parole de l’armée.

La question de l’utilisation des messageries s’est posée en particulier lors des opérations liées au Covid-19 pour soutenir les hôpitaux et le programme de vaccination, auxquels peuvent être appelés à participer les conscrits, a déclaré M. Reist.

Une application payante

Déjà utilisée dans les administrations publiques en Suisse, la messagerie Threema a été jugée plus sûre en matière de protection des données alors que d’autres messageries telles que WhatsApp sont, elles, soumises au Cloud Act. Cette loi américaine, votée en 2018, permet à des juges américains d’ordonner l’accès aux données détenues par les opérateurs américains, même si ces données se trouvent sur des serveurs en dehors des Etats-Unis.

A la différence de WhatsApp, propriété de la société américaine Meta (anciennement Facebook), ou de Signal, Threema n’est pas gratuite, mais l’armée suisse va prendre en charge le coût de téléchargement de l’application : 4 francs suisses (3,85 euros) par utilisateur.

Les communications sont cryptées de bout en bout et les utilisateurs n’ont pas besoin de lier leur identifiant à un numéro de téléphone ou à un e-mail, précise l’entreprise suisse, qui revendique 10 millions d’utilisateurs, dont 2 millions pour son service de messagerie destiné à être utilisé dans un cadre professionnel. « C’est un sceau d’approbation spécial pour nous », a commenté Roman Flepp, le directeur marketing de Threema.

Lancée fin 2012 par trois jeunes ingénieurs en informatique, la première version de la messagerie avait vite rencontré une forte demande, rassemblant rapidement quelque 250 000 utilisateurs. Une série de révélations l’année suivante – dont le programme de surveillance Prism dévoilé par Edward Snowden ou le scandale autour des écoutes du téléphone portable de la chancelière allemande Angela Merkel – avait fait bondir le nombre d’utilisateurs avant qu’il n’explose en 2014, lorsque Facebook avait racheté WhatsApp.

En 2016, Threema avait lancé une version professionnelle de sa messagerie, utilisée notamment par des institutions publiques mais aussi par de grandes entreprises. Environ 80 % de ses utilisateurs se situent en Allemagne, en Autriche et en Suisse.

Le Monde avec AFP

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