Editorial du « Monde ». Emmanuel Macron n’est pas le seul à vouloir « emmerder » les non-vaccinés. Scott Morrison, le premier ministre australien, veut, lui aussi, rendre la vie compliquée à ceux qui tentent de se soustraire aux règles communes sur le plan sanitaire, y compris lorsqu’on s’appelle Novak Djokovic et que l’on est numéro un mondial du tennis.
Le joueur serbe, qui compte participer à l’Open d’Australie – premier tournoi du Grand Chelem de la saison, dont il est le vainqueur sortant –, s’est vu interdire l’entrée sur le territoire par le gouvernement fédéral. Celui-ci estime que Djokovic déroge à l’obligation vaccinale contre le Covid-19, en vigueur pour tout arrivant sur le sol australien. Le joueur, lui, affirme avoir rempli les conditions d’exemption fixées par la Fédération australienne de tennis et par le ministère de la santé de l’Etat du Victoria.
Selon ses avocats, qui ont déposé les documents en ce sens au tribunal samedi, le champion avait contracté le virus en décembre, ce qui le dispensait de vaccin. Dans l’attente d’une décision sur son expulsion, le joueur, dont le visa a été annulé, a été contraint à s’isoler dans un hôtel de Melbourne jusqu’au lundi 10 janvier. Samedi, le Serbe a demandé à être transféré de ce centre de rétention afin de pouvoir s’entraîner avant l’Open d’Australie.
Une arrogance malvenue
Cet imbroglio juridique, sanitaire et sportif a pris une dimension diplomatique depuis que le président de la République serbe, Aleksandar Vucic, a accusé l’Australie de « harcèlement » à l’encontre de Djokovic, affirmant que son pays se battra « pour la justice et la vérité ».
La justice, d’abord. Le principe selon lequel les règles doivent être les mêmes pour tout le monde est difficilement contestable. Le joueur serbe a tout à fait le droit de refuser de se faire vacciner, mais il doit en assumer les conséquences. Croire que la condition de sportif de haut niveau ouvre toutes les portes, c’est faire preuve d’une arrogance malvenue dans le contexte pandémique.
Qu’il prétende s’affranchir de l’obligation vaccinale décidée par le gouvernement australien est d’autant plus contestable que Melbourne détient le record du nombre de jours (262) passés en confinement depuis l’apparition du virus. Il est compréhensible que les Australiens puissent être choqués que les règles soient assouplies de façon discrétionnaire pour un joueur de tennis, fût-il neuf fois vainqueur de l’Open d’Australie.
La vérité, ensuite. C’est là que la situation se complique, car il y a eu un manque évident de coordination entre, d’un côté, le gouvernement australien et, de l’autre, les organisateurs du tournoi et l’Etat du Victoria, qui ont pu laisser croire que les joueurs pouvaient, à certaines conditions, profiter de passe-droits. Etaient-elles suffisamment claires ? Djokovic a-t-il tenté de les contourner ?
En revanche, il est évident que la Fédération australienne de tennis, dans son souci d’assurer le spectacle et les recettes grâce la présence du champion serbe, a fait preuve de légèreté en s’abstenant de consulter des autorités à Canberra. Scott Morrison est aujourd’hui accusé par la Serbie et les fans de « Djoko » d’avoir pris une décision politique. C’est bien le moins que l’on puisse attendre de la part d’un dirigeant dont le rôle est d’assurer l’intérêt général au détriment des intérêts particuliers.
Sur le court, Novak Djokovic n’excelle jamais autant que lorsqu’il a le public contre lui. L’adversité le transcende. Alors que l’immense majorité des joueurs professionnels est vaccinée, il a voulu à nouveau jouer seul contre tous, au risque de subir un revers perdant. Ce ne devrait pas être le dernier. Dès le mois de mars se profile une série de tournois aux Etats-Unis où, là aussi, le vaccin est obligatoire. Les ennuis, pour le dire poliment, ne font que commencer.
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