Avant l’ouverture de pourparlers américano-russes lundi 10 janvier à Genève, pour désamorcer le risque d’une intervention russe en Ukraine, l’OTAN affiche son unité. La Russie, qui a massé ces derniers mois des dizaines de milliers de soldats près des frontières de l’Ukraine, réclame des garanties de sécurité de la part des Occidentaux, notamment l’arrêt de toute collaboration militaire entre l’OTAN et l’Ukraine et la Géorgie et de tout élargissement de l’Alliance atlantique vers l’Europe orientale.
« Le renforcement militaire de la Russie se poursuit autour de l’Ukraine et est accompagné d’un discours menaçant de Moscou si ses exigences ne sont pas acceptées. Or elles sont inacceptables et le risque d’un nouveau conflit est réel », a déclaré, vendredi 7 janvier, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à l’issue d’une réunion en visioconférence avec les chefs de la diplomatie des 30 pays membres de l’Alliance.
Propositions de Moscou
Le Kremlin a rendu publiques à la fin de l’année dernière deux propositions de traités engageant l’OTAN à exclure toute adhésion future de l’Ukraine et à réduire ses forces près des frontières avec la Russie. « Il est hors de question que l’OTAN transige sur le principe du droit de chaque nation à choisir sa propre voie, y compris le type d’accord de sécurité dont elle veut faire partie », a soutenu M. Stoltenberg.
Mais les alliés posent des conditions. « Le gouvernement russe doit procéder à une désescalade, poursuivre les voies diplomatiques et respecter ses engagements en matière de transparence des activités militaires », a ainsi exigé la ministre des affaires étrangères britannique, Liz Truss. Son homologue polonais, Zbigniew Rau, a pour sa part affirmé que « les pourparlers avec la Russie ne peuvent avoir lieu dans une situation d’escalade envers l’Ukraine et l’OTAN ». « Aucune discussion sur la sécurité de l’Europe ne se tiendra sans les Européens à la table des négociations », a insisté Jens Stoltenberg.
Les Etats-Unis ne se laisseront pas « distraire » par les exigences russes visant à empêcher l’Ukraine de rejoindre l’OTAN, a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. Il a promis à Kiev qu’il n’y aurait « pas de discussion sur l’Ukraine sans l’Ukraine ». Une « solution diplomatique » avec la Russie « est encore possible », si Moscou joue le jeu du dialogue, pour désamorcer la crise autour de l’Ukraine, a-t-il ajouté.
« Nous sommes prêts à répondre avec force à une nouvelle agression russe. Mais une solution diplomatique est encore possible, et préférable, si la Russie choisit cette voie », a-t-il dit avant une semaine de pourparlers entre l’Occident et Moscou.
« Toute la situation géopolitique de la région impose que l’Europe, l’Union européenne, puisse proposer sa vision des choses, agir et se mettre autour de la table avec l’ensemble des parties prenantes », a insisté vendredi le président français, Emmanuel Macron, lors d’une réunion à Paris avec les membres de la Commission européenne, présidée par l’Allemande Ursula von der Leyen.
Pas d’intervention de l’OTAN en Ukraine
« Nous devons nous préparer à la perspective que la consultation échoue, a averti Jens Stoltenberg. Si la Russie décide d’utiliser des moyens militaires contre un voisin, elle sera frappée par des sanctions économiques et politiques sévères. »
Mais l’OTAN n’interviendra pas militairement, car l’Ukraine n’est pas un pays membre de l’Alliance atlantique, a-t-il répété. « L’Ukraine est un partenaire, mais n’est pas couverte par la clause de défense collective entre les trente alliés », a-t-il dit. L’Alliance se prépare toutefois à renforcer sa présence militaire sur son flanc est. « Nous avons des capacités significatives », a souligné Jens Stoltenberg, rappelant que l’OTAN avait une force de réaction rapide de 40 000 hommes.
Après les pourparlers de Genève, Moscou a accepté de participer mercredi à une réunion du Conseil OTAN-Russie, la première depuis l’été 2019. « C’est un signal positif car les tensions sont élevées », a souligné Jens Stoltenberg. Une réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe suivra, à Vienne, le lendemain.
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