Le marché de l’emploi aux Etats-Unis a probablement terminé l’année 2021 sur une note positive. Mais les chiffres, qui seront publiés vendredi, sont d’ores et déjà dépassés, ajoutant à la confusion sur la situation réelle de la première économie du monde.
La Banque centrale américaine, dont le ton est de plus en plus ferme dans ses communications, a semé le doute cette semaine sur les marchés.
Les responsables de la Réserve fédérale (Fed) ont estimé lors de leur réunion du mois dernier que le marché de l’emploi aux Etats-Unis était « très tendu », citant le nombre record d’emplois vacants et de démissions ainsi que la hausse des salaires.
Aussi ont-ils signalé non seulement une potentielle hausse des taux d’intérêt plus tôt que prévu, dès mars, mais encore une réduction du bilan de la Fed pour endiguer l’inflation (6,8% en novembre sur un an).
Ce ton, qualifié de « belliqueux » par plusieurs économistes, a pris les investisseurs au dépourvu car beaucoup pensaient que la Fed attendrait, pour toucher à son bilan, d’avoir relevé les taux à plusieurs reprises, comme elle l’avait fait dans les années 2010.
Pour décembre, un consensus d’économistes s’attend à 440.000 créations d’emplois, soit plus du double du nombre enregistré en novembre. Et ils projettent un taux de chômage à 4,1% (-0,1 point de pourcentage sur un mois) toujours supérieur aux 3,5% de février 2020 avant la pandémie.
Mais certains économistes prédisent un boom, à l’instar de Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics qui anticipe 850.000 créations d’emplois.
Quelles que soient les données qui seront publiées à 13H30 GMT par le département du Travail, elles ne reflèteront que les deux premières semaines de décembre, quand Omicron n’avait pas encore contraint à annuler des milliers d’avions, à retarder les événements sportifs et culturels, à fermer les écoles ou placer en quarantaine des centaines de milliers de personnes par jour.
« Bien que nous ne prévoyions pas un coup significatif porté par Omicron à la croissance de l’emploi en décembre, ce n’est qu’une question de temps avant que ce variant hautement contagieux n’entrave la progression du marché du travail », prévient ainsi Lydia Boussour, économiste chez Oxford Economics.
Les Etats-Unis enregistrent actuellement plus de 550.000 nouveaux cas par jour, selon les estimations des CDC, principale agence de santé publique. Et sur la semaine achevée le 1er janvier, Omicron représentait 95% des nouveaux cas.
Omicron est moins mortel que les précédents variants mais la vague d’infections compromet sérieusement le retour au travail, notamment des femmes contraintes de garder leurs enfants.
– Déséquilibre –
« Les gains de participation au marché du travail (enregistrés en décembre) devraient être de courte durée », souligne ainsi l’économiste Diane Swonk de la firme Grant Thornton.
« Tout, de la peur de la contagion à l’augmentation des responsabilités en matière de garde d’enfants et de la maladie, devrait avoir des conséquences néfastes sur la participation au marché du travail à mesure que la vague Omicron prend de l’ampleur », opine-t-elle.
L’année 2021 a été marquée par un profond déséquilibre entre l’offre pléthorique d’emplois et la demande, en particulier pour les bas salaires, la pandémie ayant notamment modifié les aspirations des travailleurs américains.
Un phénomène baptisé « La Grande démission » bat son plein depuis le printemps: des salariés essentiellement non qualifiés démissionnent pour trouver un meilleur emploi et partent souvent avec une offre d’embauche en poche.
Ainsi en novembre, 4,5 millions de personnes ont démissionné, un record, selon les données publiées mardi par le bureau des statistiques (BLS).
Pour les employeurs, le marché du travail est devenu un casse-tête, en particulier pour ceux du secteur de l’hôtellerie et de la restauration ainsi que de l’éducation, confrontés à une pénurie de main-d’oeuvre sans précédent freinant leur potentiel de croissance.
Ceci alimente la hausse des salaires, qui alimente elle-même l’inflation, une spirale que souhaite enrayer la Fed.
Elle assure vouloir maintenir ses taux bas jusqu’à ce que le plein emploi soit installé. Toutefois, « certains participants relèvent qu’il pourrait y avoir des circonstances dans lesquelles il serait approprié » de les relever avant d’y parvenir.
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