Une semaine après l’explosion ayant grièvement blessé le pilote Philippe Boutron sur le Dakar, son fils, Benoît, journaliste RMC Sport, et son copilote Mayel Barbet ont témoigné sur RMC, ce jeudi et demandent des explications sur ce qu’ils assurent être un attentat.
L’explosion soudaine est survenue 500 mètres après le départ de l’hôtel, il y a une semaine deux jours avant le départ du Dakar, à Djeddah. A bord de la voiture de l’écurie Sodicars Racing, six personnes avaient pris place. Cinq en sont sorties indemnes alors que le pilote Philippe Boutron a été grièvement blessé. Son fils Benoît, journaliste RMC Sport, et Mayeul Barbet, le copilote présent dans la voiture, se sont exprimés ce jeudi matin dans l’émission Apolline Matin sur RMC.
Ils ont décidé de témoigner pour « trois raisons ». « La première, c’est pour apporter le témoignage de Mayeul, dire que ce qu’il s’est passé pas anodin, c’est un évènement grave, explique Benoît Boutron. La deuxième pour couper court aux rumeurs qui circulent partout. La troisième, c’est pour que les choses avancent. Nous avons la crainte que les choses n’avancent pas assez mais on veut que des responsables soit désignés pour nous reconstruire et passer à autre chose. »
« J’étais collé au plafond de la voiture »
Transféré à l’hôpital Percy de Clamart, Philippe Boutron est « grièvement blessé ». « Il est sorti du coma, ajoute son fils. Sur ce type d’accident, il faut prendre les choses étape par étape. La chance qu’on a, c’est qu’on peut aller lui rendre visite quotidiennement. Il est blessé aux deux jambes mais on en saura plus dans une dizaine de jours. On a pu le voir, on peut échanger, ça reste limité mais ce sont de moments particuliers, il est passé par un service de réanimation, il faut du temps pour récupérer. » Benoît Boutron salue aussi le travail exceptionnel de l’équipe médicale d’Amaury Sport Organisation.
Présent à ses côtés, Mayeul Barbet, copilote de l’écurie française Sodicars Racing, raconte l’explosion qu’il a vécue dans la voiture. « On partait sur un rallye pour s’amuser, souligne-t-il. On part de l’hôtel pour rejoindre le bivouac, préparer notre voiture, nous sommes six dans la voiture. Au bout de 500 mètres, on explose, on ne sait pas ce qu’il se passe. Une grosse explosion. Avant de sortir, on a vécu pas mal de chose. J’étais collé au plafond de la voiture. C’est quelque chose qui n’est pas normal. Dans un accident, on est normalement projeté vers l’avant. C’est une ambiance compliquée avec les airbags qui se déclenchent, on sort rapidement de la voiture mais Philippe me dit qu’il va falloir que je le sorte. Je me rends compte que Philippe est touché plus gravement. Je vois que ses jambes sont bien endommagées. J’ai essayé de le laisser dans la voiture pour ne pas le bouger. On fait un premier garrot mais la voiture a commencé à prendre feu, on l’a sortie pour le soigner à l’extérieur du véhicule. »
« C’est forcément une bombe qui a explosé sous la voiture »
« De part mon métier, j’ai l’habitude de voir des accidents. Avec Philippe, on a eu des accidents en course, des tonneaux mais là, le fait d’être projeté au plafond, ce n’était pas habituel pour moi », précise-t-il. Car pour les témoins et les proches de Philippe Boutron, la piste de l’accident ne tient pas. Le véhicule a été ciblé par un acte malveillant. « Il n’y a pas de doute, poursuit le copilote. Quand on sort du véhicule, il n’y a rien autour de nous, on est tout seule au milieu de cette route. »
Le parquet antiterroriste s’est d’ailleurs saisi de l’affaire cette semaine. « Dans la vie, Mayeul est expert automobile, précise Benoit Boutron. Il a sauvé la vie de mon père parce qu’il l’a sorti de la voiture, lui a fait des garrots et a eu le réflexe d’analyser la voiture. Son œil d’expert auto lui fait dire qu’il n’y a pas de doute, que c’est forcément une bombe qui a explosé sous la voiture. La voiture était seule, sur une route. Il n’y a eu aucune percussion, il y a eu le déclenchement des airbags. »
Une autre zone d’ombre entoure cette affaire: la communication tardive d’ASO sur le sujet. « Moi, j’ai été prévenu à la mi-journée (le jour de l’accident, ndlr), explique Benoît Boutron. Sur place, il y a des amis proches qui sont dans la voiture. Je suis prévenu à la mi-journée parce que l’un des proches appelle ma mère en disant il s’est passé ça, en minimisant les faits parce qu’on ne s’est pas vraiment ce qu’il avait. »
« Je me tiens informé par ma mère, poursuit-il. L’inquiétude n’est pas immense à ce moment-là. Le lendemain, on se dit que c’est bien plus grave que ça. On peut parler au médecin d’ASO – parce qu’il était à côté de Mayeul – qui a un discours de franchise et nous explique la gravité de la situation. »
Les proches de Philippe Boutron s’étonnent tout de même du silence des organisateurs. « La question que je me pose, c’est ‘comment on aurait été tenu informé si nos proches n’étaient pas sur place?’ Quand j’ai eu le médecin, c’est Mayeul qui me l’a passé. Je n’ai pas eu de nouvelles de la direction de course qui n’a pris contact avec nous que deux jours et demi après l’accident. »
« La grande faute, c’est que le bivouac n’ait pas été prévenu »
« La grande faute, c’est que le bivouac n’ait pas été prévenu, poursuit Benoit Boutron. Si j’avais été participant et que j’apprenais qu’une bombe avait explosé, est-ce que j’aurais envie de continuer la course? Je ne suis pas sûr. Le jour-même, on est allé voir la direction de course en disant, il faut absolument communiquer. On voulait que tout le monde soit informé. Le fait que la communication ne se soit pas faite a été difficile à supporter. »
Il comprend tout de même la demande de « rester discret pour le bien de l’enquête ». Mais pour lui, son père n’a pas été blessé dans un accident. « Il n’y a pas de doute possible, une voiture n’explose pas toute seule 500 mètres après son départ sans qu’il y ait eu de percussion. Je pense qu’on visait la course. »
Mayeul Barbet, lui, est encore marqué par cette épreuve traumatisante. « On se reconstruit, conclut-il. La priorité, c’était la santé de Philippe. La suite, on verra. »
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