Le Kosovo, pays des Balkans de 1,8 million d’habitants, figure parmi les premières victimes de la crise énergétique qui agite actuellement l’Europe. En raison du bond des prix du mégawattheure (MWh), la compagnie énergétique nationale KEDS, qui a le monopole de la distribution d’électricité, a décidé depuis le 23 décembre 2021 de mettre en place des coupures alternatives de deux heures dans tout le pays dans le cadre « d’un plan d’urgence pour limiter la consommation », face à une crise présentée comme « un des plus grands défis depuis la guerre » qui a mené à l’indépendance du pays, en 1999.
La première raison de cette crise est la consommation record du fait des températures très basses et la présence massive de la diaspora pour les fêtes de fin d’année, tout cela alors que la principale centrale électrique du pays est actuellement à l’arrêt pour des raisons techniques. Mais, dans le même temps, le Kosovo, qui est l’un des pays les plus pauvres d’Europe, n’a aussi brutalement plus eu les moyens de s’approvisionner sur les marchés internationaux. « En temps normal, les prix sont d’environ 70 euros le MWh, mais le 21 décembre ils ont atteint 515 euros ! », a fustigé sur Facebook, le premier ministre nationaliste de gauche Albin Kurti.
En urgence, le gouvernement a débloqué 20 millions d’euros pour acheter de l’électricité à prix d’or
En plus de devoir ressortir leurs groupes électrogènes datant de périodes de privation qu’ils croyaient révolues, les Kosovars ont aussi été appelés à privilégier les sources alternatives de chauffage. Ces mesures ont provoqué la colère de la population et des manifestations, lundi 27 décembre 2021, devant le siège de la KEDS. En urgence, le gouvernement a débloqué 20 millions d’euros pour permettre à l’entreprise d’acheter de l’électricité à prix d’or. Cette mesure a déjà permis de reprendre les importations, d’autant que le voisin albanais s’est engagé à fournir des MWh pour le réveillon. « Nous avons réussi à stabiliser l’offre et les coupures ont presque été levées », a assuré M. Kurti, le 27 décembre 2021.
Même si les habitants de Pristina signalent encore quelques interruptions, « selon les informations des autorités, la situation s’est améliorée substantiellement », confirme Jasmina Trhulj, directrice du département électricité à la Communauté de l’énergie, une institution qui supervise le marché européen de l’énergie depuis Vienne, en Autriche. Elle pointe par ailleurs l’aspect positif d’une hausse des températures dans la région ces derniers jours et se veut rassurante sur les risques de contagion. « Les capacités d’interconnexions sont suffisantes en Europe du Sud-Est, le problème est que c’est à des coûts élevés », explique-t-elle, sans pouvoir s’avancer sur la durée pendant laquelle l’enveloppe de 20 millions d’euros débloquée par le gouvernement kosovar va permettre d’assurer l’approvisionnement du pays.
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