France World

Au Kazakhstan, des dizaines de manifestants tués par la police

Des manifestants protestent contre la hausse du prix du gaz à Almaty, la capitale économique du Kazakhstan, le 5 janvier 2022. ABDUAZIZ MADYAROV / AFP

Alors que Moscou et ses alliés ont annoncé l’envoi d’une « force collective de maintien de la paix » au Kazakhstan, la tension ne retombe pas dans les rues. Des manifestants ont été tués par la police à Almaty, la capitale économique du pays, dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 janvier, ont annoncé les forces de l’ordre.

« La nuit dernière, les forces extrémistes ont tenté de prendre d’assaut les bâtiments administratifs, le département de la police de la ville d’Almaty, ainsi que les départements locaux et les commissariats de police », a déclaré le porte-parole de la police, Saltanat Azirbek, cité par les agences Interfax-Kazakhstan, TASS et RIA Novosti. « Des dizaines d’assaillants ont été éliminés et leur identité est en cours d’identification », a-t-il ajouté.

Selon M. Azirbek, une opération « antiterroriste » est en cours dans l’un des quartiers d’Almaty, où les émeutes ont été les plus violentes. Les images diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux ont montré des magasins pillés et certains bâtiments administratifs investis et incendiés à Almaty, tandis que des tirs d’arme automatique pouvaient être entendus.

Etat d’urgence sur l’ensemble du territoire

De la fumée s’élève depuis le parvis de la mairie d’Almaty, le 5 janvier 2022. YAN BLAGOV / AP

Depuis dimanche, le Kazakhstan est le théâtre d’importantes manifestations contre, notamment, la hausse des prix du gaz. Plus de deux cents protestataires ont été arrêtés, selon la police locale. Du côté des forces de l’ordre, trois cent dix-sept policiers ont été blessés et huit d’entre eux ont perdu la vie, selon le ministère de l’intérieur.

Mercredi, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a décrété l’état d’urgence dans tout le territoire, ce qui conduit à « restreindre la liberté de mouvement, y compris les transports », et interdire « les événements collectifs et les cérémonies familiales liées aux naissances, mariages ou décès », selon les explications de la chaîne Khabar 24.

M. Tokaïev a promis d’« agir de la manière la plus ferme possible » contre ces manifestations. « En tant que président, je suis contraint de protéger la sécurité et la paix de nos citoyens, de m’inquiéter de l’intégrité du Kazakhstan », a-t-il déclaré en russe à la télévision kazakhe.

Moscou et ses alliés appelés en renfort

Une voiture de police incendiée lors des manifestations pour la hausse des prix du gaz, à Almaty, le 5 janvier 2022. PAVEL MIKHEYEV / REUTERS

Le soir même, il a aussi demandé l’aide militaire de Moscou et de ses alliés, estimant que son pays était attaqué par des groupes « terroristes » ayant « reçu un entraînement approfondi à l’étranger ». Moscou et ses alliés de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC, qui regroupe l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan) ont répondu jeudi par l’envoi d’une « force collective de maintien de la paix » dans le pays.

Le Kazakhstan, première économie d’Asie centrale, habitué par le passé à des taux de croissance à deux chiffres, souffre de la baisse des prix du pétrole et de la crise économique en Russie, qui a mené à la dévaluation de sa monnaie, le tenge, et à une forte inflation. La colère a véritablement été déclenchée en fin de semaine par la hausse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL), dans la ville de Janaozen, dans l’ouest de ce pays riche en ressources naturelles, avant de s’étendre à la grande ville régionale d’Aktau, située sur les bords de la mer Caspienne.

Mardi soir, les autorités avaient tenté de calmer la situation en concédant une réduction du prix du GNL, le fixant à 50 tenges (0,10 euro) pour un litre dans la région, contre 120 tenges au début de l’année. Justifiant cette concession régionale, M. Tokaïev a expliqué sur Twitter qu’il s’agissait d’« assurer la stabilité dans le pays », mais cette promesse n’a pas pour autant entraîné la dispersion des manifestants, qui exigeaient de parler au président.

Le Monde avec AFP

Source

L’article Au Kazakhstan, des dizaines de manifestants tués par la police est apparu en premier sur zimo news.