Publié le : 05/01/2022 – 03:05
Des manifestants, furieux après une hausse des prix du gaz naturel liquéfié, sont descendus mardi dans la rue à Almaty (Kazakhstan) et ont été dispersés par la police. Le président a décrété l’état d’urgence. Cette manifestation fait suite à un mouvement de colère qui a éclaté dans plusieurs villes depuis dimanche.
Ils étaient plusieurs milliers de personnes à se rassembler à Almaty, la capitale économique du Kazakhstan, pour dénoncer la hausse des prix du gaz. Deux journalistes de l’AFP ont comptabilisé au moins 5 000 participants.
Des manifestants ont été aperçus attaquant des véhicules, dont un camion de pompiers. La police a utilisé des grenades assourdissantes et du gaz lacrymogène pour les disperser. Plusieurs manifestants et policiers antiémeute ont été hospitalisés pour ce qui semblait être de légères blessures, selon l’AFP.
Quelques heures plus tard, le président Kassym-Jomart Tokaïev a décrété l’état d’urgence à Almaty et dans la province de Mangystau à partir du 5 janvier et jusqu’au 19 janvier. Un couvre-feu sera instauré de 23 h à 7 h.
Il avait auparavant appelé à la fin des manifestations dans une vidéo mise en ligne. « Ne répondez pas aux provocations venant de l’étranger et de l’intérieur du pays. Ne répondez pas aux appels à prendre d’assaut les bâtiments officiels. C’est un crime pour lequel vous seriez puni », a déclaré le chef de l’État de 81 ans, qui gouverne le pays depuis 1989.
Une concession régionale sans effet
Le mouvement de colère a débuté dimanche, après une hausse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL), dans la ville de Janaozen, dans l’ouest de ce pays riche en ressources naturelles, avant de s’étendre à la grande ville régionale d’Aktau, sur les bords de la mer Caspienne.
Mardi soir, les autorités avaient tenté de calmer la situation en concédant une réduction du prix du GNL, le fixant à 50 tenges (0,1 euro) le litre dans la région, contre 120 au début de l’année.
Justifiant cette concession régionale, Kassym-Jomart Tokaïev a assuré sur Twitter qu’il s’agissait « d’assurer la stabilité dans le pays ». Cette promesse n’a pas pour autant entraîné la dispersion des manifestants, qui exigeaient de parler au président.
Kassym-Jomart Tokaïev avait parallèlement annoncé qu’une commission gouvernementale, incluant des membres de ses services, avait « commencé à travailler » à Aktau. « La commission a pour consigne de trouver une solution mutuellement acceptable au problème soulevé dans l’intérêt de la stabilité du pays », a-t-il précisé.
Il a néanmoins mis en garde contre les « troubles à l’ordre public », appelant les manifestants à « faire preuve de responsabilité et de volonté de dialoguer ».
Une économie dépendante
Janaozen a été, par le passé, le théâtre des troubles les plus meurtriers ayant secoué le Kazakhstan depuis son indépendance de l’URSS en 1991. En 2011, au moins 14 ouvriers d’un site pétrolier avaient été tués quand la police avait réprimé une manifestation contre les conditions de travail et les salaires.
La région de Mangystau, où est située la ville de Janaozen, dépend du GNL comme principale source de carburant pour les voitures et toute hausse de son prix entraîne celle des produits alimentaires, déjà à la hausse depuis le début de la pandémie due au coronavirus.
Le Kazakhstan, première économie d’Asie centrale habituée par le passé à des taux de croissance à deux chiffres, souffre de la baisse des prix du pétrole et de la crise économique en Russie, qui a mené à la dévaluation du tenge kazakh et une forte inflation.
Avec AFP
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