Publié le : 04/01/2022 – 17:57
Le raz de marée de contaminations et la couverture vaccinale laissent entrevoir le bout du tunnel selon certains scientifiques, qui prédisent une immunité collective dans les mois qui viennent. Cependant, la prudence reste de mise et d’autres scénarios beaucoup moins réjouissants pourraient doucher ces espoirs de sortie de crise.
L’année 2022 sera-t-elle l’année du retour à “la vie d’avant” ? Un optimisme prudent semble en tout cas s’emparer des experts de la santé ces derniers jours. “Peut-être est-ce le dernier variant, peut-être est-ce la dernière vague, peut-être que cette vague nous permettra d’acquérir une forme d’immunité”, a estimé lundi 3 janvier le ministre français de la Santé, Olivier Véran, devant les députés.
Un avis partagé par les autorités sanitaires danoises. « Je pense qu’on en a pour deux mois, et puis j’espère que l’infection commencera à se calmer et que nous retrouverons une vie normale”, a même prédit Tyra Grove Krause, l’épidémiologiste en chef du Danemark. La scientifique venait présenter les résultats d’une étude confirmant la moindre dangerosité d’Omicron.
Selon cette étude, les risques d’hospitalisation liés au variant apparu en novembre en Afrique du Sud ne représentent que la moitié de ceux observés avec le variant Delta.
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Moins létal mais plus contagieux, Omicron, conjugué à notre couverture vaccinale, pourrait nous permettre d’acquérir une immunité naturelle contre le virus. “À terme, il y a de l’espoir et le Sars-CoV-2 rejoindra les autres coronavirus saisonniers humains qui nous donnent des rhumes et des angines chaque hiver”, a expliqué au Journal du Dimanche l’épidémiologiste Arnaud Fontanet.
L’inégalité vaccinale en question
L’immunité collective serait donc enfin à portée de main… « mais on ne sait encore rien de la durée de l’immunité face à ce variant”, tempère Samuel Alizon, chercheur au CNRS et spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses, joint par France 24.
Pour le moment, difficile de savoir quand cette immunité pourrait se matérialiser, ni combien de temps elle pourrait durer. Par ailleurs, deux ans après l’apparition du Covid-19 et de ses nombreux variants, la prudence reste de mise. “Avec cinq variants préoccupants en 2021, il semble excessivement optimiste de penser qu’il n’y en aura aucun nouveau en 2022”, estime Samuel Alizon.
Interrogé par France 24, Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’Université libre de Belgique, pense lui aussi qu’il est prématuré d’affirmer que cette cinquième vague sera la dernière. “Dire cela, c’est oublier que la pandémie n’est pas gérée à l’échelle mondiale.”
Pour l’épidémiologiste, l’inégalité vaccinale, notamment vis-à-vis du continent africain, va continuer à permettre au virus de circuler et favoriser l’apparition de nouveaux variants. “Nous ne sommes donc pas à l’abri d’une mauvaise surprise, même si on pense que les prochains mutants seront probablement plus contaminants et moins virulents”, explique Yves Coppieters, selon qui l’apparition d’un nouveau variant au printemps est un scénario parfaitement envisageable.
Des prochaines semaines compliquées à l’hôpital
De nombreux experts de la santé alertent par ailleurs sur le prix à payer pour obtenir cette immunité collective encore incertaine. Omicron est peut-être moins dangereux mais les chiffres élevés des contaminations risquent d’entraîner mécaniquement une hausse du nombre de patients hospitalisés.
“Selon nos modélisations, même si l’épidémie reflue à partir du 15 janvier, que la virulence d’Omicron est un tiers de celle de Delta et que toutes les personnes vaccinées reçoivent un rappel, les services de soins critiques seront soumis à rude épreuve en février”, assure Samuel Alizon.
“Ce qui est clair, c’est que le mois de janvier va être très compliqué car il y a encore beaucoup d’inconnues sur les effets d’Omicron à la fois sur le fonctionnement de la société et sur les systèmes hospitaliers”, affirme de son côté Yves Coppieters.
La situation sera d’autant plus difficile qu’aux hospitalisations pour Covid-19 vont venir s’ajouter d’autres pathologies, dont les maladies hivernales telles que la grippe.
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En moyenne, sur les sept derniers jours, plus de 160 000 personnes ont été contaminées quotidiennement, avec un pic mardi à près de 300 000, selon Santé publique France.
La pression hospitalière a encore grimpé avec plus de 19 000 patients hospitalisés dimanche soir, dont plus de 3 500 en soins critiques, même si elle reste pour l’heure à des niveaux moindres que lors des pics précédents.
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