Publié le : 04/01/2022 – 10:18
La figure du mouvement pour la démocratie Chow Hang-tung a été reconnue coupable mardi d’avoir incité en 2021 à participer à une veillée interdite en mémoire de la répression de Tiananmen, quelques mois après avoir été condamnée à un an de prison pour des faits similaires en 2020.
Un tribunal hongkongais a condamné, mardi 4 janvier, l’activiste Chow Hang-tung à une peine de quinze mois d’emprisonnement pour avoir incité à prendre part à un rassemblement interdit en hommage aux victimes de la répression sanglante menée par les autorités chinoises sur la place Tiananmen en 1989 à Pékin contre le mouvement pro-démocratie.
Une veillée interdite
Chow Hang-tung, 36 ans, avocate et membre de la désormais dissoute Alliance de soutien aux mouvements patriotiques démocratiques en Chine, avait été arrêtée le 3 juin 2021, à la veille de l’anniversaire de la répression sanglante de Tiananmen le 4 juin 1989.
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Pour la deuxième année consécutive, la police avait interdit en 2021 la veillée traditionnellement organisée le 4 juin dans la région administrative spéciale chinoise, citant des motifs sanitaires en raison de l’épidémie de Covid-19. Aux yeux de nombreux activistes, toutefois, cette interdiction s’inscrivait dans le cadre d’efforts destinés à éteindre la contestation contre le pouvoir à Pékin, à la suite des vastes manifestations pro-démocratie de 2019. Les autorités ont rejeté tout lien.
En dépit de l’interdiction, des milliers de personnes avaient allumé des bougies à travers la ville le 4 juin 2020, et un nombre plus restreint avait fait de même l’an dernier.
La magistrate Amy Chan a déclaré que des publications de Chow Hang-tung sur les réseaux sociaux étaient destinées à « encourager, convaincre et faire pression sur des membres du public [afin qu’ils prennent part à un rassemblement illicite] ». « La loi ne permet à personne d’exercer sa liberté par des moyens illégaux », a jugé la magistrate Amy Chan. « Elle [Chow] était déterminée à attirer l’attention dans le but d’appeler la population à se rassembler », a-t-elle ajouté.
« Ne pas oublier le 4 juin »
Chow Hang-tung, qui a plaidé non coupable, a assuré pour sa part vouloir « inciter les autres à ne pas oublier le 4 juin » et non pas encourager à se rassembler. Tout au long des audiences et des procédures, la militante a fait preuve de sa détermination à se battre. Mardi, elle a lu devant le tribunal des extraits des mémoires de familles de personnes tuées à Tiananmen.
La magistrate lui a aussitôt adressé un blâme, et les policiers ont reçu l’ordre de relever les numéros d’identité de ceux qui ont applaudi. Chow Hang-tung a condamné la décision du tribunal, accusant les autorités de faire de la liberté d’expression un crime.
« Le message que ce verdict envoie est qu’allumer une bougie est un délit, que les mots sont un délit », a-t-elle déclaré. « La seule façon de défendre la liberté d’expression est de continuer à s’exprimer ».
De même que sept autres activistes, Chow Hang-tung avait été condamnée le mois dernier à une peine d’emprisonnement, de douze mois, pour son implication dans la veillée de 2020. Elle purgera au total une peine de vingt-deux mois d’emprisonnement, alors que le principe de la confusion des peines s’appliquera pour cinq mois de la peine prononcée mardi.
Hong Kong a longtemps été le seul endroit en Chine où la commémoration des événements de Tiananmen était tolérée. Depuis plus de trois décennies, tous les 4 juin, des dizaines de milliers de personnes se réunissaient pour participer à ces veillées de commémoration. Depuis les immenses manifestations pro-démocratie de 2019, Pékin a repris en main Hong Kong.
Avec AFP et Reuters
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