S’il va au bout de sa quatrième expérience gouvernementale, Mark Rutte, 54 ans, battra tous les records de longévité aux Pays-Bas en ayant été premier ministre de 2010 à 2025. Y parviendra-t-il ? Aux doutes de nombreux observateurs à La Haye, le dirigeant libéral oppose son habituelle insouciance : lundi 3 janvier, il parlait d’un « nouvel élan » et se disait « optimiste » quant à la réussite de sa nouvelle coalition. Même si celle-ci n’est, en fait, que la version difficilement reconduite de la précédente.
Pour vaincre le scepticisme ambiant, M. Rutte gouvernera avec une équipe largement remaniée de vingt ministres et neuf secrétaires d’Etat que, conformément à la tradition, il reçoit un par un depuis lundi, avant la présentation du gouvernement au roi Willem-Alexander et son intronisation officielle, le 10 janvier.
Relative perte d’influence
Premières caractéristiques de « Rutte IV » : la moitié des ministres seront des femmes et, au total, l’équipe sera quasiment paritaire en termes de genre, avec 52 % d’hommes et 48 % de femmes. Par ailleurs, deux portefeuilles importants seront confiés à des personnalités issues de l’immigration : celui de la justice à la libérale Dilan Yesilgöz, née à Ankara, et celui de la protection des droits à Franc Weerwind, membre du parti social-libéral D66, issu d’une famille du Surinam.
Présenté à la mi-décembre, après neuf mois de discussions, le programme de la coalition est le reflet d’une relative perte d’influence de M. Rutte, même s’il a une nouvelle fois conduit son parti à la victoire en mars 2021. Déstabilisé par l’affaire dite « des allocations », qui avait pénalisé des milliers de familles injustement soupçonnées de fraude aux prestations en faveur des familles, le chef du gouvernement a dû, cette fois, adopter un discours plus social et accepter les exigences de ses partenaires, dont Sigrid Kaag, dirigeante de D66 et ex-ministre des affaires étrangères.
Cette ancienne diplomate âgée de 60 ans sera la « guide morale » de cette nouvelle équipe, juge le quotidien Het Parool. Elle aurait pu prétendre à la succession de Mark Rutte mais la gestion, par son département, de l’évacuation des Néerlandais et de leurs personnels d’Afghanistan a suscité de telles critiques qu’elle avait été forcée de démissionner, en septembre dernier, à la suite du vote d’une motion de défiance par la Deuxième chambre.
Vice-première ministre et, désormais, ministre des finances, cette partisane d’une « Europe forte », dont le parti est membre du groupe Renew au Parlement de Strasbourg, a fait en sorte que les Pays-Bas, jusqu’ici partisans d’une stricte orthodoxie budgétaire parlent désormais d’une nécessaire « modernisation » des règles du pacte de stabilité européen. De quoi ravir la présidence française de l’Union qui notera que D66 a aussi fait en sorte que M. Rutte admette le principe d’une taxe carbone aux frontières ou l’idée que le commerce et le climat ne sont pas inconciliables.
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