France World

Le chalutage de fond dénoncé comme la pire technique de pêche

Des militants de l’association Ocean Rebellion dénoncent le chalutage de fond lors de la COP26, à Glasgow, en Ecosse, le 30 octobre 2021. ANDY BUCHANAN / AFP

Alors que l’Union européenne prépare, pour le printemps, un « plan d’action pour l’océan » destiné à protéger les écosystèmes marins, les organisations de défense de l’environnement centrent leurs efforts sur une technique de pêche en particulier : le chalutage des fonds marins. Elle consiste à racler le plancher océanique avec de lourds engins, en capturant les espèces sans distinction ou presque, le tout à grand renfort de carburant. Elle est considérée comme « la plus néfaste à l’environnement et au climat » par une coalition d’ONG – Oceana, Seas at Risk, Our Fish, Environmental Justice Foundation entre autres.

Dans le cadre de la consultation publique ouverte jusqu’au 10 janvier, celle-ci a remis le 20 décembre 2021 une pétition, forte de plus de 152 000 signataires, au commissaire européen chargé de ce secteur, Virginijus Sinkevicius. Elle demande le bannissement immédiat du chalutage de fond dans toutes les aires marines protégées – c’est actuellement loin d’être le cas en Allemagne, aux Pays-Bas, ou en France. Cette pratique est également dénoncée dans une synthèse détaillée publiée le 9 décembre, rédigée par une quarantaine d’universitaires, d’ONG et des consultants en environnement, avec le soutien financier de fondations américaines (Oceans 5, Oak Foundation et Oceankind).

Dans le monde, les chaluts de fond – quels que soient la dimension du bateau et le modèle de filet – se taillent une grosse part de la totalité des pêches : environ 26 %, rapportent les auteurs. Chaque année, ces filets remontent au moins 30 millions de tonnes de produits de la mer, soit à peu près l’équivalent de ce qu’attrapent l’ensemble des pêcheurs artisanaux. Le reste correspond à divers autres engins : chaluts pélagiques de pleine eau, filets posés, palangres, etc., industriels ou non. Les chalutiers de fond opèrent presque exclusivement dans les zones économiques exclusives (ZEE) des pays côtiers, s’aventurant rarement au-delà des 200 milles marins. Ils se cantonnent même en partie à moins de 12 milles du rivage où ils effectuent 20 % de leurs prises. Ils s’y trouvent alors en concurrence directe avec les petits bateaux des artisans et les pirogues des communautés locales.

Rivalité féroce entre Etats

« Les prises mondiales pourraient augmenter s’il y avait moins de chalutage. Quand on surpêche, les rendements diminuent pour tous », affirme Daniel Pauly. Ce spécialiste internationalement reconnu est à l’origine du programme de l’université canadienne de Colombie-Britannique Sea Around Us, qui a reconstitué des décennies de captures de produits de la mer de 1950 à 2018. Le rapport sur les impacts du chalutage de fond s’appuie sur cette base de données exceptionnelle, ainsi que sur une revue de la littérature scientifique. Ses auteurs constatent que cette méthode de pêche a atteint un pic de 36,5 millions de tonnes en 1989, avant de décliner tout autour du globe. Sauf en Asie, qui n’a pas suivi la même tendance, au contraire.

Il vous reste 59.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Le chalutage de fond dénoncé comme la pire technique de pêche est apparu en premier sur zimo news.