Tribune. L’année 2022 menace d’être celle de la plus grande catastrophe humanitaire de tous les temps. C’est ce que montre l’« Emergency Watchlist 2022 » publiée par l’International Rescue Committee (IRC) dans son rapport du 14 décembre 2021, sur les 20 crises humanitaires les plus à risque de s’aggraver en 2022, à commencer par l’Afghanistan, l’Éthiopie et le Yémen.
Dans vingt pays, dont plus de la moitié en Afrique et au Moyen-Orient, 274 millions de personnes sont dépendantes de l’aide humanitaire, 100 millions sont confrontées à une grave insécurité alimentaire, et un nombre inégalé de personnes fuient la violence, la persécution ou les conséquences des sécheresses aggravées par le changement climatique.
Alors que ces vingt pays comptent 800 millions d’habitants, environ 10 % de la population mondiale, ils regroupent 89 % des personnes en besoin d’aide humanitaire, 80 % des réfugiés et des demandeurs d’asile et 76 % des déplacés internes. La « Watchlist 2022 » n’est pas seulement un index international de la misère, une addition accidentelle de crises, ou l’exposé d’une concentration spectaculaire de la pauvreté, elle est aussi et surtout le révélateur d’une défaillance systémique aux conséquences désastreuses.
La défaillance des Etats et de la diplomatie
Défaillance des Etats à assurer leurs missions de base envers leurs citoyens, pas simplement par omission ou incapacité mais aussi par orientation lorsqu’ils commettent des crimes contre leur propre population ou bloquent l’accès humanitaire. Défaillance de la diplomatie, ensuite, qui ne parvient pas à résoudre des conflits de plus en plus complexes qui impliquent sur les mêmes terrains de nombreux acteurs non étatiques et internationaux.
On n’a jamais compté autant de conflits civils internationalisés. Le conseil de sécurité des Nations Unies est bloqué par l’usage croissant du veto. Défaillance du droit international, également, le droit international humanitaire étant régulièrement violé en toute impunité au nom de la souveraineté des Etats brandit pour justifier l’effacement des droits humains et de la Charte des Nations unies.
Défaillance, enfin, de plus en plus souvent, du système destiné à prévenir et répondre aux crises humanitaires, tant les besoins explosent alors que les financements stagnent ou sont réduits et que l’accès aux populations est menacé par les attaques contre les hôpitaux, les convois et les personnels humanitaires. Le chef du programme alimentaire mondial en est réduit à lancer des appels au secours sur Twitter pour tenter d’éviter une gigantesque famine en Afghanistan et en Éthiopie !
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