Publié le : 02/01/2022 – 14:07
Des milliers de personnes sont de nouveau descendues dans les rues de Khartoum, dimanche, pour protester contre le coup d’État du général Abdel Fattah al-Burhane.
Des milliers de Soudanais hostiles au pouvoir militaire manifestent, dimanche 2 janvier, dans les rues de Khartoum, bravant des tirs de grenades lacrymogènes et un déploiement massif de soldats armés.
Comme à chaque manifestation, devenues régulières depuis le coup d’État du général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre, les autorités ont une nouvelle fois tenté, en vain, de tuer la mobilisation dans l’œuf en érigeant barrages physiques et virtuels.
Khartoum est depuis plusieurs jours coupée de ses banlieues par des containers placés en travers des ponts sur le Nil. Internet et les téléphones portables ne fonctionnent plus depuis dimanche matin et, sur les principaux axes, des membres des forces de sécurité juchés sur des blindés armés de mitrailleuses lourdes surveillent les passants.
Mais des milliers de Soudanais ont malgré tout répondu à la mi-journée à l’appel des militants à manifester « en mémoire des martyrs ». Si 54 personnes ont été tuées et des centaines blessées depuis le putsch, le pays a connu un nouveau pic de violences jeudi, avec six manifestants tués à Khartoum selon un syndicat de médecins pro-démocratie.
« Les militaires à la caserne »
Dimanche de nouveau, ils sont ainsi des milliers à défiler aux cris de « Les militaires à la caserne » et « Le pouvoir au peuple », tandis que des jeunes sur des motos sillonnent la foule, prêts à embarquer les blessés, car à chaque mobilisation les ambulances sont bloquées par les forces de sécurité.
Les militants appellent à faire de 2022 « l’année de la poursuite de la résistance », réclamant justice pour les dizaines de manifestants tués depuis le putsch, mais aussi pour les plus de 250 civils abattus lors de la « révolution » de 2019. Cette année-là, la pression populaire forçait l’armée à démettre l’un des siens, Omar el-Béchir, après trente années de dictature militaro-islamiste.
« Ni partenariat ni négociation »
Dans un pays quasiment toujours sous la férule de l’armée depuis son indépendance il y a 65 ans, les manifestants, eux, le clament : « ni partenariat, ni négociation » avec l’armée ».
En face, un conseiller du général Burhane a jugé vendredi que « les manifestations ne sont qu’une perte d’énergie et de temps » qui ne mènera « à aucune solution politique ».
Dimanche encore, les autorités soudanaises seront observées par la communauté internationale qui dénonce une escalade.
Outre les morts et la coupure du téléphone et d’internet, les forces de sécurité sont également accusées d’avoir eu recours en décembre à un nouvel outil de répression : le viol d’au moins 13 manifestantes, selon l’ONU.
En outre, chaque jour et dans chaque quartier, les Comités de résistance, les groupuscules qui organisent les manifestations, annoncent de nouvelles arrestations ou disparitions dans leurs rangs.
Les Européens ont déjà exprimé leur indignation, de même que le secrétaire d’État américain Antony Blinken et l’ONU. Tous plaident régulièrement pour un retour au dialogue comme préalable à la reprise de l’aide internationale coupée après le putsch dans ce pays, l’un des plus pauvres au monde.
Avec AFP
L’article Soudan : une nouvelle journée de manifestation sous tension contre le coup d’État est apparu en premier sur zimo news.