La confusion – et l’agacement – durait depuis presque deux jours avant que le gouvernement français n’annonce, jeudi 30 décembre, un assouplissement temporaire des règles. Deux jours durant lesquels des automobilistes britanniques souhaitant traverser la France pour rejoindre leurs résidences européennes hors de l’Hexagone se sont vu interdire l’accès au tunnel sous la Manche. En cause ? De nouvelles restrictions françaises liées au Covid-19, dont les passagers n’avaient pas connaissance.
Le ministère de l’intérieur français a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il s’agissait de l’application des consignes aux frontières, mises à jour le 18 décembre. En vertu de cette règle, destinée à freiner la propagation du variant Omicron, les ressortissants de pays extérieurs à l’Union européenne (UE) doivent avoir un « motif impérieux » pour entrer sur le territoire et transiter vers un autre pays de l’UE. Or, depuis le Brexit, les Britanniques sont des ressortissants d’un pays tiers.
« Consigne de tolérance »
Sur son site Internet, le ministère des affaires étrangères britannique, visiblement pris de court par l’application de ces consignes, avait assuré jeudi demander « en urgence des clarifications de la part du gouvernement français », et conseillé à ses ressortissants de se renseigner auprès des transporteurs avant de voyager. Cette situation, à l’origine de nouvelles frictions diplomatiques, a finalement conduit le gouvernement français a reconsidérer la mise en œuvre de ces restrictions durant la période des fêtes.
De nombreux ressortissants britanniques se sont rendus « de bonne foi » au Royaume-Uni pour les fêtes de fin d’année et « éprouvent des difficultés à rejoindre leur pays de résidence », a déclaré jeudi le ministère de l’intérieur à l’Agence France-Presse. La Place Beauvau a donc décidé d’adresser des « consignes de tolérance » aux effectifs de police aux frontières afin que chacun puisse rejoindre sa résidence.
Depuis mardi soir, le blocage concernait les Britanniques officiellement résidents d’un pays de l’Union européenne et qui traversent habituellement la France en voiture pour s’y rendre. Ceux qui résident en France ne sont pas concernés, ni les passagers des trains Eurostar. Les contrôles français se font du côté anglais, avant la traversée de la Manche, au terminal Eurotunnel de Folkestone.
« A moins qu’ils ne détiennent une résidence française, les citoyens britanniques sont désormais considérés comme des citoyens de pays tiers et ne peuvent plus transiter par la France par la route pour rejoindre leur pays de résidence dans l’UE », a expliqué mercredi soir Eurotunnel, assaillis de questions sur Twitter par des passagers déconcertés. La filiale du groupe Getlink qui gère le tunnel, a évoqué une décision du gouvernement français du 28 décembre. La même règle s’applique pour les ferrys : « Seuls ceux qui possèdent une résidence en France seront autorisés à entrer en France », a souligné la compagnie P & O Ferries sur Twitter.
Incompréhension des passagers
L’application de ces nouvelles mesures semble s’être faite sans information préalable ni des voyageurs ni des opérateurs. Sur les réseaux sociaux, plusieurs passagers britanniques ont fait part de leur incompréhension après s’être vu refuser l’accès à l’Eurotunnel juste avant l’embarquement. C’est notamment le cas de plusieurs résidents en Belgique.
« Ce soir, [la police aux frontières française] m’a refusé l’accès à l’Eurotunnel. On m’a dit que le fait d’être résident belge […] n’était plus un motif valable pour transiter par la France afin de rentrer chez moi », a par exemple tweeté mardi un Britannique souhaitant regagner la Belgique, où il vit et travaille.
Comme le relève le média Politico, les récits d’autres Britanniques résidents en Belgique témoignant sur la page Facebook « Brits in Brussels » montrent la disparité des situations. « Mes enfants sont belges, mon mari est irlandais et je suis britannique avec une carte M [la carte de séjour belge pour les Britanniques bénéficiant de l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’UE]. J’ai montré ma carte M et ma composition de ménage et je suis passée sans problème », écrit par exemple Fiona Navin-Jones sur le réseau social.
Contactée par l’AFP, cette Britannique résidente belge depuis quatorze ans a expliqué qu’elle avait lu que les conjoints de personnes d’une nationalité de l’UE étaient autorisées à transiter par la France. « Le personnel d’Eurotunnel m’a dit que cela dépendait de la personne qui se trouvait dans la cabine », précise-t-elle néanmoins sur Facebook. D’autres voyageurs disent, eux, être passés « sans problème » et sans qu’on leur demande davantage de justificatifs. Opérateurs et voyageurs ont désormais quelques jours pour comprendre plus précisément les règles qui s’appliqueront dès la période des fêtes passée.
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