Branle-bas de combat chez le leader français des tests de diagnostics rapides. Biosynex a embauché 200 intérimaires pour répondre à une demande fulgurante d’autotests portée par les records de contaminations au Covid-19 et les fêtes de fin d’année.
Pour répondre aux commandes, il a fallu faire de la place. C’est donc sous un vaste chapiteau, dressé sur le parking, que l’entreprise basée à Illkirch-Graffenstaden, en banlieue de Strasbourg, a installé son atelier d’emballage des tests.
« J’ai commencé hier. Je dois vérifier que tous les éléments sont présents dans la pochette et ajouter la notice avant la mise en boîte », explique Audrey Margroff, 28 ans, qui effectue sa première mission chez Biosynex.
« J’ai vu une annonce sur Facebook et ils m’ont prise tout de suite, c’était très facile. Apparemment, ils cherchent pas mal de monde », explique la jeune femme, davantage habituée aux missions dans l’agro-alimentaire que dans le secteur sanitaire.
Le conditionnement s’effectue sur des tables montées à la hâte, de simples panneaux de bois mélaminés posés sur des palettes. Entre 300.000 et 500.000 tests sont emballés chaque jour, destinés aux pharmacies et aux particuliers, pour les marchés français et européen.
« La demande est beaucoup plus importante aujourd’hui qu’en début d’année », explique Gaël Levy, le directeur industriel. « L’autotest s’est généralisé auprès du grand public et les TROD (tests sérologiques rapides, ndlr) continuent à être fortement demandés. Tout ceci est accentué par la mise en place du pass sanitaire dans l’ensemble des pays européens et, avec les fêtes, ça a explosé ».
Face à la crise sanitaire, l’entreprise a changé de dimension, passant de 140 à 240 salariés. Le chiffre d’affaires, lui, a bondi de 34 millions d’euros en 2019 à 225 millions au premier semestre 2021.
– Tour de France –
Dans le vaste hangar où s’accumulent les cartons prêts à être expédiés, les bons de livraison annoncent un tour du monde des pharmacies en pénurie de tests: Le Havre, Puteaux, Hagondange, mais aussi Bruxelles, la Norvège ou même la Malaisie.
« Au-delà de 1.000, le logiciel n’indique plus le nombre de commandes en attente, ce n’était pas prévu », s’amuse Kerim Hayat, la responsable adjointe de l’entrepôt, penchée sur son ordinateur. « Donc on ne sait pas exactement à combien nous sommes, mais on a fait sauter les compteurs! ».
Le quotidien de son service a été bousculé, ses équipes oeuvrent désormais jour et nuit. « Il y a de la fatigue, mais on travaille dans une bonne ambiance », souligne-t-elle. « Ce n’est plus comme à la première vague, on s’est professionnalisé, on arrive à absorber la charge dans de bonnes conditions ».
En quelques mois, le nombre de camions a été multiplié par dix, et pourtant les délais de livraisons se sont allongés pour atteindre une douzaine de jours, contre trois en temps normal.
« On a perdu trois jours avec le week-end de Noël, et rebelote au nouvel an. C’est beaucoup dans une période de tension », observe M.Levy.
– Déferlante –
A cette demande déjà « exponentielle » est venue s’ajouter celle des acteurs de la grande distribution depuis que le gouvernement a autorisé mardi la vente des autotests en supermarché.
« J’ai eu des demandes de prix pour des volumes d’un million, deux millions. Le téléphone sonne sans arrêt », explique Oren Bitton, le directeur commercial pour l’Europe.
« Mais nous estimons que c’est une décision prématurée: ce sont des produits de santé, on veut qu’ils soient bien utilisés. Le conseil du pharmacien est vraiment justifié, il y a une éthique à respecter », avance-t-il.
Alors que le seuil record de 200.000 contaminations journalières a été franchi mercredi, Oren Bitton s’attend à « une déferlante » pour les semaines à venir.
« Il va y avoir énormément de cas positifs, ce qui veut dire énormément de cas contacts, donc il faudra aller en pharmacie ou en laboratoire pour vérifier son statut. Nous prévoyons de produire 20 millions de tests en janvier, dont 10 millions pour la France ».
Pour quelques jours encore, ces tests sont fabriqués avec des composants importés d’Asie, notamment la bandelette qui se colore en cas de détection du virus. Mais l’entreprise, bénéficiaire du plan de relance, a investi dans des machines et prévoit de produire un test « 100% français » dès le mois de février.
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