La visite, exceptionnelle, n’avait pas été annoncée. Mardi 28 décembre au soir, le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, s’est rendu au domicile du ministre de la défense israélien, Benny Gantz, situé à Rosh Haayin, au centre d’Israël. Un déplacement quasi inédit en onze ans – à l’exception des obsèques de l’ancien premier ministre israélien Shimon Pérès, en 2016. Les deux hommes, qui s’étaient vus pour la dernière fois en août, à Ramallah, au siège de l’AP, en Cisjordanie occupée, se sont entretenus pendant plus de deux heures. Selon le communiqué officiel israélien, le but de la rencontre était de discuter de la « coordination sécuritaire et d’autres dossiers humanitaires ».
Ils ont échangé des cadeaux – on sait que Mahmoud Abbas a donné une bouteille d’huile d’olive à Benny Gantz – et ont pris le temps de parler en tête à tête. La conversation a surtout tourné autour des tensions en Cisjordanie, qui se sont accentuées ces dernières semaines. M. Abbas a aussi évoqué les craintes d’une éruption de la violence à Jérusalem, liée aux tensions religieuses autour de l’esplanade des Mosquées.
En quittant le domicile de M. Gantz, avec son cortège de 4 × 4 blindés, la délégation palestinienne, dont faisait partie le puissant coordinateur des affaires civiles – interlocuteur privilégié des Israéliens –, Hussein Al-Sheikh, et le chef du renseignement, Majed Faraj, n’est pas repartie les mains vides. Les Israéliens ont offert une avance de 100 millions de shekels (un peu plus de 28 millions d’euros) sur les recettes fiscales palestiniennes qu’Israël collecte.
L’Autorité palestinienne traverse en effet une profonde crise financière, due à la réduction des contributions étrangères à son budget. Dans ses bagages, elle a également apporté des permis d’entrée sur le territoire israélien pour des centaines d’hommes d’affaires, ainsi qu’une douzaine de passes VIP pour des membres de l’AP. Autre mesure symbolique : la régularisation d’une dizaine de milliers de Palestiniens et de membres de leurs familles, sans papiers parce que Israël ne reconnaît que très rarement le regroupement familial des Palestiniens.
« La personnalité d’Abbas dérange »
Les factions palestiniennes rivales du Fatah de Mahmoud Abbas ont vécu cette rencontre comme une trahison. « Cela divise le camp palestinien et encourage les pays de la région qui veulent aller à la normalisation des relations avec Israël », a fustigé le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem. Le « bureau conjoint de la résistance », qui rassemble les différentes factions palestiniennes investies dans la lutte armée, s’est réuni en urgence, mercredi matin. Quelques heures plus tard, un tireur d’élite a blessé par balle un fonctionnaire du ministère de la défense israélien, à la frontière avec Gaza. En réaction, l’artillerie israélienne a pilonné des positions du Hamas, blessant trois personnes – des agriculteurs, selon les Palestiniens.
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