Distingué pour sa gestion de la pandémie de Covid-19 lorsqu’il était à la tête de l’hôpital universitaire Rafic-Hariri à Beyrouth, le chirurgien Firas Abiad a été nommé en septembre ministre de la santé au sein du gouvernement de Najib Mikati avec la difficile tâche de stabiliser un secteur délabré par la crise financière et économique qui sévit au Liban.
Le secteur de la santé est-il au bord de l’effondrement ?
Le secteur est sans aucun doute dans une situation très précaire mais il n’est pas encore sur le point de s’effondrer. Les systèmes de santé sont tributaires de la santé de l’économie or, avec la crise financière, il n’est pas étonnant que le secteur se soit délité. Il était déjà sous pression, avec l’afflux de plus de 1,5 million de réfugiés syriens, qui représentent un quart de la population totale, puis avec la pandémie de Covid-19 et l’explosion au port de Beyrouth, en août 2020. Si une nouvelle forte vague pandémique survient, ou une autre catastrophe, alors, oui, le système sera au bord de l’effondrement.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous devez faire face ?
Le principal problème concerne les médicaments car nous avions pour habitude d’importer de 85 % à 90 % de nos besoins pharmaceutiques et nous n’avons plus les moyens de le faire. Le second problème concerne les hospitalisations, dont les coûts ont flambé, et que le gouvernement n’est plus en mesure de couvrir. Les patients doivent payer la différence. Ensuite, nous avons une vague d’émigration de docteurs et d’infirmiers, avec de 30 % à 40 % du personnel de santé qui est parti, ce qui diminue les capacités du système. Et, enfin, nous avons une nouvelle hausse des cas de Covid-19 la population est vaccinée [avec deux doses] à seulement 35,5 %.
Comment répondez-vous à cette crise, et avec quels moyens ?
Ce n’est pas que nous n’avons plus du tout d’argent, mais nous devons rationaliser nos dépenses. Nous essayons de retrouver une stabilité. Nous avons commencé à baisser les subventions sur les médicaments. Nous avons conservé entièrement les subventions sur les médicaments anticancéreux mais avons levé partiellement celles sur les médicaments pour maladies chroniques.
Ces cinq derniers mois, beaucoup de médicaments n’étaient plus disponibles au Liban, il a fallu prendre ces décisions difficiles. Il y a encore deux mois, il n’y avait plus de traitement anticancéreux dans le pays. Les médicaments pour maladies chroniques ne se trouvent plus en pharmacie, mais uniquement au marché noir. Avec la levée des subventions, les médicaments vont être à nouveau disponibles [à un prix supérieur] mais nous devons réfléchir à la façon d’aider les gens à les payer.
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L’article Firas Abiad, ministre libanais de la santé : « Avec la crise financière, le secteur s’est délité » est apparu en premier sur zimo news.