Trente-cinq cadavres brûlés, dont ceux de femmes et d’enfants, ont été retrouvés sur le plancher de véhicules incendiés dans un village de l’Etat Kayah, dans l’est de la Birmanie. Des photos documentant ce massacre, qui s’est produit le 24 décembre, viennent d’être diffusées par l’entourage d’une milice armée locale, en lutte contre la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’Etat du 1er février 2021. Ces opposants accusent l’armée birmane d’être responsable de la tuerie. Celle-ci confirme l’incident, mais affirme que les corps étaient ceux de « terroristes », pas de civils.
La plupart des victimes de ce carnage, dont l’ONU s’est ému dimanche 26 décembre, seraient des civils karenni, l’ethnie principale de cet Etat où cohabitent plusieurs minorités. C’est en tout cas ce qu’affirment des combattants de la Force de défense des nationalités karenni (KNDF), organisation regroupant différents groupes armés locaux, en guerre depuis des mois contre le régime du général Min Aung Hlaing, auteur du putsch. Les affirmations de responsables de l’ONG Save the Children – dont deux membres font partie des victimes –, ainsi que le témoignage d’un paysan local, donnent du poids aux allégations des insurgés.
Selon différentes sources d’informations qui se recoupent, la tuerie se serait produite après des combats qui ont opposé, durant une heure, soldats du régime et combattants de la KNDF, près d’un village situé dans le canton de Hpruso, zone à majorité chrétienne – religion de la plupart des Karenni. Les insurgés affirment que les militaires de la Tatmadaw (forces armées birmanes) auraient alors arrêté des gens du village de Moso, avant de leur lier les mains et de les entasser dans une demi-douzaine de véhicules auxquels ils ont ensuite mis le feu, brûlant vif les suppliciés. Quatre membres des Gardes-frontières, unités pro-régime à la composante ethnique proche des groupes rebelles, avaient auparavant supplié les soldats d’épargner les civils, sans succès : ils ont été exécutés d’une balle dans la tête, soutiennent des combattants de la KNDF.
Une enquête demandée par l’ONU
La Tatmadaw a une autre version : si l’on en croit les informations parues dans des médias officiels birmans, les soldats de l’armée régulière auraient tué un certain nombre de « terroristes armés » dans ce même village de Moso. Ces derniers se trouvaient dans la demi-douzaine de véhicules retrouvés incendiés, des camionnettes qui avaient refusé de s’arrêter à un poste de contrôle, forçant les militaires à ouvrir le feu. Les insurgés karenni affirment au contraire qu’aucun de leurs combattants ne figure parmi les 35 tués, mais qu’il s’agit bien de civils.
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