Après des semaines de tensions et d’avertissements mutuels, Russie et Etats-Unis sont convenus d’organiser des pourparlers en janvier pour aborder, notamment, la question ukrainienne. « Le 10 janvier sera le jour principal des consultations bilatérales russo-américaines » prévues à Genève, a déclaré mardi 28 décembre le vice-ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Riabkov, à l’agence Tass.
Peu de temps auparavant, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis avait annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) que les négociations du 10 seraient suivies d’un rendez-vous entre l’OTAN et la Russie, prévu pour le 12 janvier. Selon cette même source, un tour de discussions au sein de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), fondée durant la guerre froide pour favoriser le dialogue Est-Ouest, est également prévu, le 13 janvier.
« La première réunion en 2022 du conseil permanent de l’OSCE aura lieu le 13 janvier », a ensuite confirmé un porte-parole de l’OSCE. Le ministre polonais des affaires étrangères, Zbigniew Rau, nouveau président en exercice de l’OSCE, va s’adresser au « conseil qui se réunit chaque semaine et réunit les 57 Etats participants de l’OSCE, y compris les Etats-Unis et la Russie », a-t-il précisé.
Les discussions s’annoncent âpres
Ces pourparlers visent à permettre une désescalade après des semaines de montée des tensions au sujet de l’Ukraine. Kiev et ses alliés occidentaux accusent Moscou d’avoir massé des dizaines de milliers de militaires à la frontière ukrainienne en prévision d’une possible invasion ; Moscou dément toute velléité belliqueuse et se présente au contraire comme la cible de « provocations » des Occidentaux, qui soutiennent politiquement et militairement l’Ukraine.
La réunion bilatérale du 10 janvier se tiendra dans le cadre du dialogue stratégique de sécurité lancé par les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine lors de leur sommet de Genève, en juin dernier. Bien que ce format soit principalement consacré à la renégociation des traités de contrôle de l’armement nucléaire post-guerre froide, les discussions concerneront également la situation à la frontière russo-ukrainienne, a révélé un haut responsable de l’exécutif américain souhaitant rester anonyme. Les réunions avec l’OTAN et l’OSCE devraient, elles, concerner tout particulièrement l’Ukraine.
« Quand on va s’asseoir pour discuter, la Russie pourra mettre ses inquiétudes sur la table et nous mettrons les nôtres sur la table, notamment les activités de la Russie », a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis.
Signe que ces discussions seront âpres, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a d’ores et déjà exclu toute « concession », affirmant que Moscou était « dans une position de fermeté pour ce qui concerne la défense de [ses] intérêts ». L’ambassadeur adjoint russe aux Nations unies, Dmitri Polianski, a prévenu que la Russie ne se contenterait pas de « bla bla bla ». « Nous voulons vraiment quelque chose de sérieux, cette fois-ci », a-t-il déclaré mardi à la presse. « Ce n’est pas un ultimatum », a-t-il affirmé. « C’est une proposition constructive, […] qui est dans l’intérêt de tous ».
Les Etats-Unis « prêts à discuter »
Par un geste qui rompt avec le caractère généralement confidentiel des discussions diplomatiques, la Russie a récemment présenté deux projets de traités remis aux Etats-Unis et à l’OTAN. En tête des revendications russes figure l’interdiction de toute expansion future de l’Alliance atlantique et de toute coopération militaire dans ce que la Russie considère comme sa zone d’influence, dont l’Ukraine fait partie.
« Ce dont il faut parler, ce sont les propositions soumises par la partie russe », a insisté M. Riabkov. Le président russe, Vladimir Poutine, a menacé la semaine dernière de mesures « militaires et techniques » si ses revendications n’étaient pas entendues.
Lors de la présentation des projets de traités par la Russie, Washington s’était dit « prêt à discuter » au sujet de ces documents, tout en soulignant qu’ils comprenaient « certaines choses que les Russes savent inacceptables ».
Tout accord avec la Russie prendrait en compte les intérêts ukrainiens, a souligné lundi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale. « Rien de ce qui concerne nos alliés et partenaires » ne sera négocié « sans nos alliés et partenaires, y compris l’Ukraine », a-t-il insisté. « L’approche du président Biden concernant l’Ukraine a été claire et constante : rassembler l’Alliance [atlantique] dans deux directions, la dissuasion et la diplomatie », a-t-il dit.
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