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La Commission européenne s’apprête à classer le nucléaire comme énergie verte

La centrale nucléaire de Chinon, sur le territoire de la commune d’Avoine (Indre-et-Loire), en juillet 2020. GUILLAUME SOUVANT / AFP

Ce devait être tranché avant la fin de l’année. Lors du Conseil européen des 21 et 22 octobre, les chefs d’Etat et de gouvernement européens avaient pressé la Commission de décider, d’ici à la fin novembre, du sort qui serait réservé au nucléaire et au gaz dans la taxonomie, ce classement des activités économiques en fonction de leurs émissions de CO2 et de leurs conséquences sur l’environnement. Ursula von der Leyen, la présidente de l’exécutif communautaire, avait promis que ce serait chose faite avant leur prochain rendez-vous, prévu le 16 décembre.

A l’heure où les Européens ont décidé d’atteindre la neutralité carbone en 2050, où la dépendance au gaz russe inquiète, et où les prix de l’énergie flambent, il s’agit là d’un enjeu crucial.

Il n’en a finalement rien été. L’ancienne ministre d’Angela Merkel, qui gère le dossier en direct avec Paris et Berlin depuis qu’elle s’est fait bousculer par les Vingt-Sept, n’a en effet cessé de repousser son arbitrage, qu’on attend désormais pour janvier. Elle devrait finaliser sa proposition d’ici au 30 décembre, afin de la soumettre (pour simple avis), comme le veut la procédure, à un groupe d’experts. Et, si tout se passe comme prévu, la Commission présentera son projet le 18 janvier.

De la décision de Bruxelles, dépendra la capacité des secteurs du nucléaire et du gaz à financer leurs futurs investissements. A l’heure où les Européens ont décidé d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément à l’accord de Paris, où la dépendance au gaz russe inquiète de plus en plus, et où les prix de l’énergie flambent, il s’agit là d’un enjeu crucial.

« Nous sommes très proches de la finalisation de notre travail sur [la taxonomie], qui inclura à la fois le gaz et le nucléaire », a affirmé le commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, dans un entretien au quotidien allemand Die Welt, le 17 décembre. Dans les grandes lignes, « l’arbitrage politique est arrêté », abonde un diplomate. Il semble en effet acquis que l’atome sera considéré comme une énergie « verte » et le gaz comme une énergie de transition. Mais à certaines conditions, qui, elles, restent encore à caler et qui s’apparentent à un véritable casse-tête chinois pour Ursula von der Leyen.

Une affaire stratégique pour la France

La taxonomie, « c’est un tout petit sujet », a voulu minimiser Olaf Sholz, lors d’une conférence de presse commune avec Emmanuel Macron, à l’issue du Conseil européen du 16 décembre. Le chancelier allemand l’a confié à l’un de ses interlocuteurs qu’il ne « va pas embêter Emmanuel avec ça ». Le président français, lui, est à la manœuvre depuis des mois pour défendre la cause du nucléaire, arguant sans relâche qu’il s’agit là d’une énergie bon marché, à bas carbone et stable, ce qui est précieux, en ces temps de lutte contre le réchauffement climatique et de flambée des prix de l’énergie. Pour la France, qui se prépare à renouveler son parc nucléaire, l’affaire est stratégique.

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