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En Bolivie, l’impossible dialogue politique

Le 8 novembre, pour le premier anniversaire de l’élection de Luis Arce à la présidence de la Bolivie, qui marque le retour de la gauche au pouvoir, une coalition de forces d’opposition et de syndicats s’est distinguée en lançant une grève illimitée, bloquant le pays durant neuf jours. Comités civiques et syndicats exigeaient le retrait d’une loi contre les « profits illicites », censée lutter contre le blanchiment et l’évasion fiscale, mais combattue comme « confiscatoire », « punitive » et adoptée sans débat. Devant l’ampleur des mobilisations, le gouvernement a fini par céder et retirer le texte, regagnant une précaire paix sociale.

Mais la réaction du camp gouvernemental ne s’est pas fait attendre. L’ex-président Evo Morales (2006-2019), désormais homme fort du parti de la majorité, le Mouvement vers le socialisme (MAS) auquel appartient le président Arce, a organisé une marche de soutien au président. Une marche de six jours depuis les provinces vers la capitale, La Paz, en forme de démonstration de force.

La tension qui prévalait alors rappelait les heures de polarisation extrême du pays à la fin de 2019, quand, après des élections contestées, le président, Evo Morales, avait été poussé à la démission au milieu d’un déferlement de violences. Un épisode dénoncé par le pouvoir comme un « coup d’Etat » et qui a fait 37 morts et des centaines de blessés.

Deux ans après le départ de M. Morales et un an après le retour en grâce du MAS, les mêmes acteurs politiques, ou presque, sont toujours là. Certes, Evo Morales a quitté le pouvoir, mais il n’est jamais loin derrière le président, Luis Arce. A droite, Fernando Camacho, l’agitateur de la région de l’Orient – qui avait mené la contestation contre la présumée fraude de 2019 – a été élu gouverneur de Santa Cruz, et conduit toujours la fronde. Au centre, Carlos Mesa tente de se faire une place, sans y parvenir. Quant à Jeanine Añez, qui, en novembre 2019, s’était proclamée présidente en tant que seconde vice-présidente du Sénat, face à un fauteuil présidentiel vide, elle est en prison depuis mars. Poursuivie pour « sédition » et « terrorisme », elle attend son procès.

« Putsch » ou « fraude » ?

Alors que la Bolivie tente de relever la tête après la crise économique et sanitaire, pas un jour ne passe sans que soit évoqué ce mois de novembre 2019. « Nous sommes empêtrés dans cette discussion interminable, “putsch” ou “fraude”, qui inonde l’espace politique et empêche les politiques de s’attaquer aux réels problèmes de la société », déplore la sociologue et politiste Maria Teresa Zegada. Et de citer un sondage de la Fondation Friedrich Ebert de Bolivie qui indique que 70 % des Boliviens ne s’intéressent pas à ce débat et sont davantage préoccupés par leurs conditions économiques ou leur santé.

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