Alors que Poutine menace ses adversaires occidentaux d’une réponse militaire en Ukraine, la première arme qu’il pourrait exploiter est la cyberattaque. Les experts américains estiment que les hackers russes sont capables de paralyser le pays en s’attaquant à ses infrastructures essentielles. Explications.
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[EN VIDÉO] Qu’est-ce qu’une cyberattaque ? Avec le développement d’Internet et du cloud, les cyberattaques sont de plus en plus fréquentes et perfectionnées. Qui est derrière ces attaques et dans quel but ? Quelles sont les méthodes des hackers et quelles sont les cyberattaques les plus massives ?
En Ukraine, entre 2015 et 2016, une vague de 6.500 cyberattaques contre les institutions et les infrastructures paralysait douze centrales électriques du pays. À Ivano-Frankivs’k, à l’ouest du pays, une attaque de la centrale électrique de Prykkarpatya Oblenergo avait ainsi privé de courant 250.000 usagers durant six heures. Futura s’était rendu sur place et un ingénieur avait montré les vidéos qu’il avait filmées avec son téléphone.
Sur les écrans de contrôle, on pouvait voir les pirates en pleine action en train de prendre le contrôle total des installations. Impossible de reprendre la main ! Comme les installations électriques mixaient des technologie soviétiques et modernes, les techniciens avaient pu redémarrer localement les points de livraison du courant. L’attaque avait été bien préparée et les hackers avaient attendu la période des vacances pour mener leur action.
Couper le courant en s’attaquant aux points de distribution d’énergie, c’est éteindre toutes les communications et paralyser un pays entièrement. Ce scénario serait possible en France et même sans doute plus dangereux encore. Pas besoin de pirater les centrales nucléaires pour y parvenir. Sans électricité, toute la vie s’arrête et les supermarchés qui fonctionnent à flux tendus ne tiendraient pas plus de 48 heures. Une catastrophe pire qu’une guerre physique !
Alors que la tension monte d’un cran entre les membres de l’Otan et la Russie au sujet de la zone du Donbass, l’Ukraine craint justement qu’une vague de cyberattaques contre ses systèmes électriques ne se prépare. Il faut souligner que la cyberguerre russe menée contre l’Ukraine ne s’est jamais arrêtée même si, comme celle des tranchées de la ligne de front, elle restait de faible intensité. Mais, selon les renseignements américains, elle s’intensifie depuis le mois dernier, en même temps que l’accumulation de troupes russes près de la frontière à l’Est du pays.
L’arme cyber pour préparer le terrain
Pour préparer l’Ukraine à ces cyberattaques, des spécialistes américains et du Royaume-Uni y ont été déployés sur place. L’idée consiste à améliorer la cyberdéfense du pays et à augmenter sa cyber-résilience. Les États-Unis envisagent même une projection sur place de ressources de l’US Cyber Command. S’agira-t-il uniquement de montrer que les cybercombattants sont présents pour intimider les hackers russes ? Certainement, car il n’y pas grand chose à faire pour sécuriser le réseau électrique ukrainien.
Comme nous l’avons déjà évoqué, celui-ci est fragile en raison de ses infrastructures datant de l’époque soviétique mêlées à des éléments plus récents provenant de la Russie. De même, les systèmes informatiques de contrôle des centrales électriques sont russes. Enfin, pour couronner le tout, le réseau est imbriqué avec celui de la Russie.
C’est pourquoi, telle une salve d’artillerie visant à préparer le terrain pour mener une offensive, l’arme cyber serait un moyen très efficace pour paralyser les infrastructures ukrainiennes. L’objectif : enclencher une autre bataille de la guerre hybride afin de déstabiliser le gouvernement pour imposer un chef à l’écoute de Moscou. L’arme cyber est également idéale pour régler la tension actuelle, puisque la preuve de l’attribution resterait, comme toujours difficile à apporter.
De fait, il n’y aurait pas besoin de se lancer dans une invasion terrestre aventureuse. Elle aurait de lourdes conséquences pour la Russie. Dans tous les cas, les experts imaginent que, si une cyberattaque massive a lieu, elle interviendra très probablement après Noël orthodoxe, c’est-à-dire à la fin de la première semaine de janvier. En attendant, les responsables du renseignement américain cherchent encore comment y répondre de manière offensive.
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