Le tribunal d’Agrigente, en Sicile, a abandonné toutes les poursuites contre la capitaine du Sea-Watch 3. Carola Rackete était poursuivie pour avoir, en 2019, forcé l’entrée dans le port de Lampedusa avec 42 migrants secourus au large de la Libye. « Dans notre histoire moderne, les violations des droits les plus graves n’ont pas été perpétrées par des individus mais par des États », a réagi la militante.
C’est une victoire pour les associations d’aide aux migrants en mer. Le tribunal d’Agrigente, en Sicile, a définitivement abandonné les poursuites contre Carola Rackete, a-t-on appris jeudi 23 décembre. La capitaine du Sea-Watch 3 était poursuivie pour avoir forcé en juin 2019 l’entrée dans le port de Lampedusa avec 42 migrants secourus au large de la Libye. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Matteo Salvini, avait refusé de laisser accoster le navire humanitaire dans le cadre de sa politique des ports fermés.
Carola Rackete a agi dans l’accomplissement du devoir de sauvetage prévu par le droit international de la mer
Plus de deux ans plus tard, le tribunal a estimé que Carola Rackete avait fait son devoir en protégeant les personnes à bord de son bateau, et que la décision de Matteo Salvini était « contre les normes ». « Carola Rackete a agi dans l’accomplissement du devoir de sauvetage prévu par le droit national et international de la mer », note la juge en charge de l’affaire Micaela Raimondo.
Selon cette dernière, « un navire en mer ne peut être considéré comme un lieu sûr : en plus d’être à la merci d’évènements météorologiques défavorables, il ne permet pas le respect des droits fondamentaux des personnes secourues ». Idem pour la Libye, dont les ports ne sont pas des lieux de sécurité, en raison des conditions de vie des migrants dans le pays où « des milliers de [personnes] sont en détention arbitraire et sont soumis à la torture », signale encore la juge, en se basant sur un rapport du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR).
Matteo Salvini encourt quant à lui toujours 15 ans de prison
Dans un communiqué, la capitaine a salué cette décision, critiquant par la même occasion la politique migratoire des États membres de l’Union européenne (UE). « Dans notre histoire moderne, les violations des droits les plus graves n’ont pas été perpétrées par des individus mais par des États », estime Carola Rackete. « Au cours des dernières années l’UE et ses États membres ont dépenser des millions pour militariser la frontière (…) L’agence européenne de protection des frontières Frontex est complice du retour forcé de milliers de personnes victimes de graves violations des droits humains en Libye. Des refoulements illégaux sont perpétrés en Grèce, en Croatie et en Pologne », rappelle la militante.
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Ce n’est pas la première fois que Carola Rackete obtient gain de cause. En mai dernier, la justice italienne avait rejeté une plainte déposée par le parquet sicilien d’Agrigente à l’encontre de la capitaine. Elle était accusée, dans la même affaire, de « violences contre un navire de guerre » pour avoir tenté une manœuvre dangereuse contre une vedette des douanes italiennes qui voulait l’empêcher d’accéder au port.
De son côté Matteo Salvini n’en a revanche pas fini avec la justice. Le leader de l’extrême-droite italienne est accusé de séquestration et d’abus de pouvoir, et encourt jusqu’à 15 ans de prison. Il avait interdit en août 2019 le débarquement de 147 migrants secourus en mer par l’ONG Open Arms et refusé pendant six jours de le laisser accoster à Lampedusa.
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