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Les Etats-Unis interdissent l’importation de produits du Xinjiang issus du travail forcé

Une usine de coton, à Aksu, dans la province chinoise du Xinjiang, en avril 2021. MARK SCHIEFELBEIN / AP

Il s’agit d’une première mondiale, qui pourrait annoncer la fin des importations de coton et de tomates de la province chinoise du Xinjiang aux Etats-Unis. Joe Biden a signé, jeudi 23 décembre, une loi interdisant l’achat de produits qui seraient issus du travail forcé des Ouïgours en Chine, et la Maison Blanche a déjà mis en garde les entreprises américaines tentées de fléchir face à Pékin.

La loi demande de porter une attention particulière aux importations de trois produits : le coton, dont le Xinjiang est l’un des grands producteurs mondiaux ; les tomates, également produites en masse dans la région ; et le polysilicium, un matériau utilisé dans la production de panneaux photovoltaïques.

Pékin est accusé par les pays occidentaux d’enfermer massivement les Ouïgours, une communauté à majorité musulmane et turcophone de l’ouest de la Chine, dans de vastes camps de travail.

Cette loi donne au gouvernement « de nouveaux outils pour empêcher l’entrée sur le territoire de produits fabriqués avec du travail forcé au Xinjiang et tenir responsables les personnes et entités derrière ces abus », a déclaré, jeudi, le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, dans un communiqué, appelant le gouvernement chinois à mettre fin « au génocide et aux crimes contre l’humanité ».

Pour les entreprises américaines, le seul moyen d’échapper à l’interdiction est d’apporter la preuve aux douaniers que les produits n’ont pas été fabriqués en tout ou en partie par du travail forcé. Dans une rare unanimité, le Sénat avait voté le 16 décembre ce texte, porté à la fois par des démocrates et des républicains, partisans d’une politique agressive contre Pékin.

Craintes de perturbations des échanges mondiaux

Ce vote est intervenu malgré une campagne de lobbying des entreprises américaines, pour certaines très dépendantes de leurs approvisionnements en Chine, et qui agitent l’épouvantail de perturbations supplémentaires des échanges commerciaux mondiaux, déjà désorganisés par la pandémie.

Cette mesure est « la plus importante et efficace prise jusqu’à présent pour tenir le Parti communiste chinois responsable de son recours au travail forcé », a dit le président américain, jeudi, dans un communiqué. Pendant le processus législatif, l’opposition républicaine a reproché à la Maison Blanche de chercher à ralentir le texte. Et jeudi, la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki a été interrogée sur la relative discrétion dans laquelle Joe Biden, qui fait de la rivalité avec la Chine l’axe majeur de sa politique étrangère, a signé le texte.

Ses services ont seulement diffusé une photo de la signature sur Twitter, alors que le même jour, le président a signé en direct devant les caméras une autre loi, destinée à soutenir la recherche contre une maladie neurodégénérative rare. « Parfois il signe les lois sans les caméras, parfois devant les caméras. Nous soutenons ce texte et nous avons mené l’offensive dans le monde pour dénoncer les violations des droits humains », a-t-elle répondu.

Imbroglio autour d’Intel

Mais la mise en œuvre de la loi, et de manière générale l’offensive des Etats-Unis contre certains intérêts économiques chinois, pourraient provoquer des frictions, comme l’a montré dès jeudi une controverse autour du géant américain des semi-conducteurs Intel. Dans la foulée de l’adoption de la loi au Sénat, et après une volée de sanctions américaines contre des entreprises chinoises, Intel avait envoyé un courrier à ses fournisseurs leur demandant d’éviter de se fournir dans la région.

Cela a suscité une levée de boucliers en Chine, que le fabricant de puces a ensuite tenté de calmer avec un communiqué publié sur Weibo, la plateforme de réseaux sociaux chinoise : « Notre intention initiale était de garantir le respect des lois américaines (…). Nous nous excusons pour les problèmes causés à nos respectés clients chinois, à nos partenaires et au public ».

« Nous pensons que le secteur privé et la communauté internationale devraient s’opposer à l’instrumentalisation, par la Chine, de leurs marchés, pour étouffer le soutien aux droits humains », a commenté Jen Psaki, interrogée sur ce communiqué d’Intel.

« Nous pensons également que les entreprises américaines ne devraient jamais ressentir le besoin de s’excuser pour avoir défendu les droits humains fondamentaux ou s’être opposées à la répression », a ajouté la porte-parole de l’exécutif américain.

Le Monde avec AFP

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