Au moment où des photos d’Eric Zemmour attendant sa valise à l’aéroport d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, circulaient sur les réseaux sociaux en France, jeudi 23 décembre au matin, l’entourage du candidat d’extrême droite se frottait les mains et annonçait un communiqué prêt à être publié. L’intéressé attendait d’être arrivé au camp logistique de Port-Bouët, une commune d’Abidjan, où sont stationnées les forces françaises en Côte d’Ivoire, pour parfaire l’effet de surprise en pleines fêtes de Noël et revendiquer le contre-pied du chef de l’Etat. Son équipe a ensuite laissé entendre auprès de la presse, non conviée au déplacement, qu’il passerait le réveillon auprès des soldats – il est en fait rentré à Paris le jeudi soir.
Ce voyage express de vingt-quatre heures a été monté dans la foulée de l’annulation de la visite au Mali d’Emmanuel Macron, prévue lundi 20 décembre, auprès des forces de l’opération « Barkhane ». Le général Bertrand de La Chesnais, directeur de campagne d’Eric Zemmour, avait alors imaginé pour son candidat une virée à Gao, au plus près des soldats en opération au Mali. « Il avait tout un catalogue de quatre ou cinq demandes », glisse une source au ministère des armées, où l’on émet un « accord sous conditions » pour le déplacement en Côte d’Ivoire, comme pour tout candidat qui en ferait la demande officielle. L’équipe d’Eric Zemmour s’engage à observer une discrétion totale et l’absence de médiatisation pour préserver la neutralité des armées.
Jeudi, pourtant, le candidat nationaliste publie un long communiqué délivrant un « message aux forces armées en opération » et se dépeint en potentiel chef des armées présent « auprès des soldats engagés en Afrique et dans l’opération Barkhane » – les militaires du camp d’Abidjan apportent un soutien à l’opération au Sahel. Il ajoute une série de tweets diffusant dix photos le mettant en scène sur la base militaire, où on le voit posant un doigt sur une arme et serrant la main d’une militaire. « Il n’a pas respecté les règles claires qu’il avait acceptées, ni l’engagement moral, ni la bienséance républicaine », réagit-on dans l’entourage de Florence Parly, ministre des armées. Le porte-parole du ministère, Hervé Grandjean, a réagi publiquement jeudi soir : « Cet engagement moral que nous demandons aux candidats à la présidentielle n’a pas été tenu aujourd’hui par un candidat. Nous le regrettons. »
« Dès sa prise de fonction, il arrêtera toute immigration »
Soucieux de minimiser le déplacement, le ministère des armées avait évoqué jeudi un « passage express » d’Eric Zemmour sur la base opérationnelle. Lors d’une visite d’une durée de quatre heures, le candidat d’extrême droite a pris un repas avec les militaires du 43e bataillon d’infanterie de marine et reçu un cadeau « au nom de l’état-major des armées ». Il a assuré aux soldats qu’il accorderait une « attention particulière » aux moyens, alors qu’Emmanuel Macron avait fait face au départ fracassant du chef d’état-major des armées Pierre de Villiers, en juillet 2017, après de vives tensions autour du budget de la défense. Eric Zemmour écrit aussi, dans son communiqué, que l’engagement des troupes françaises sur les théâtres extérieurs « protège notre pays des agressions d’où qu’elles viennent » et « nos intérêts, aux côtés de nos partenaires que nous n’abandonnerons pas », des déclarations qui tranchent pourtant avec ses positions passées contre l’opération française au Sahel.
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