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A Hongkong, deux sculptures commémoratives de Tiananmen retirées d’universités

Des cartes portant l’inscription chinoise « honte » ont été placées à l’endroit d’une sculpture commémorative des manifestations de Tiananmen qui a été déboulonnée le 24 décembre 2021, à l’université Lingnan de Hongkong. BERTHA WANG / AFP

Après le déboulonnage d’une première sculpture jeudi, deux autres œuvres commémorant le mouvement prodémocratie de Tiananmen ont été retirées, vendredi 24 décembre, de deux universités, ont annoncé les institutions.

Dans la matinée, l’Université chinoise de Hongkong (CUHK) a déboulonné la statue La Déesse de la démocratie de son campus. L’établissement a expliqué que le retrait de la « statue non autorisée » intervenait après une évaluation interne, ajoutant que les groupes responsables de l’installation de l’œuvre sur le campus en 2010 n’étaient plus actifs.

Cette œuvre de Chen Weiming, une réplique de 6 mètres de haut de celle qui avait été érigée par les étudiants manifestant sur la place Tiananmen en 1989, était aussi un symbole du mouvement démocrate de Hongkong.

« Comme un voleur dans la nuit »

L’artiste, installé aux Etats-Unis, a exprimé auprès de l’Agence France-Presse (AFP) ses « regrets » et sa « colère », expliquant que l’université avait agi de façon « illégale et déraisonnable »« Ils agissent comme un voleur dans la nuit », a réagi M. Chen, alors que les campus sont déserts pendant les vacances de Noël.

« C’est le contraire d’être propre et honnête… Ils avaient peur d’être exposés et de subir un retour de bâton de la part des étudiants et des anciens élèves. »

Le sculpteur a assuré que son œuvre était un prêt et qu’il engagerait une action en justice si elle était endommagée. Il a dit envisager de demander son renvoi vers la Californie, où il dirige le Liberty Sculpture Park.

L’universitaire de la Georgetown Law School Eric Lai présidait le syndicat étudiant de la CUHK lorsque la statue a été installée sur le campus, en 2010. Pour lui, le retrait de La Déesse de la démocratie constitue « une nouvelle soumission des autorités locales (universitaires) au régime de sécurité nationale ».

« Risques juridiques »

De son côté, l’université Lingnan a annoncé le retrait d’un relief commémorant les événements de Tiananmen, une œuvre du même artiste, après avoir « examiné et évalué les éléments sur le campus qui peuvent présenter des risques juridiques et de sécurité pour la communauté universitaire ». Vendredi après-midi, des prospectus portant le caractère chinois signifiant « honte » étaient visibles à l’emplacement du bas-relief et ailleurs sur le campus.

Des ouvriers retirent la statue « Pilier de la honte » de l’université de Hongkong, le 23 décembre 2021. TYRONE SIU / REUTERS

La veille, l’université de Hongkong (HKU) avait déboulonné une statue, le Pilier de la honte, commémorant la répression sanglante du 4 juin 1989. Les universités se joignent ainsi à la répression en cours contre les hommages aux événements de Tiananmen qui ont longtemps été un symbole des libertés politiques dont jouissait Hongkong jusqu’en 2020.

La veillée annuelle du 4 juin est interdite depuis 2020, officiellement pour des raisons sanitaires et de sécurité. Plusieurs de ses organisateurs ont été arrêtés et un musée consacré à la répression du mouvement étudiant chinois de 1989 a été fermé. Pékin a imprimé sa marque autoritaire sur l’ancienne colonie britannique depuis les grandes et parfois violentes manifestations de 2019, avec notamment une draconienne loi de sécurité nationale.

Le Monde avec AFP

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