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L’ancien président tunisien Moncef Marzouki, à Tunis, le 7 août 2019. HASNA / AFP
L’ancien président tunisien Moncef Marzouki, qui a dirigé le pays de 2011 à 2014, a été condamné mercredi 22 décembre in absentia à quatre ans de prison. Dans la soirée, depuis Paris, où il réside, M. Marzouki a confié au Monde avoir appris la nouvelle par la presse et n’avoir reçu « aucune convocation » de la justice qu’il qualifie d’« express et aux ordres ». Son avocate Lamia Khemiri a également déclaré à l’Agence France-Presse ne pas avoir été prévenue de cette décision, et ne pas connaître le chef d’inculpation qui a motivé la peine.
Cette condamnation intervient après l’émission le 4 novembre d’un mandat d’amener international à l’encontre de M. Marzouki accusé d’avoir tenu des propos « allant à l’encontre de la sûreté de l’Etat et nuisant aux intérêts de la Tunisie à l’étranger ». Lors d’une interview à la chaîne France 24, mi-octobre, il s’était dit « fier d’avoir contribué au report du sommet de la francophonie », prévu fin novembre à Djerba et annulé, officiellement en raison de la situation sanitaire.
L’ancien président avait expliqué qu’« organiser un tel événement en Tunisie après le putsch survenu en Tunisie, c’est soutenir la dictature et la tyrannie ». Il faisait référence au régime d’exception dans lequel se trouve la Tunisie depuis le coup de force mené par le président actuel, Kaïs Saïed, le 25 juillet. Dans un contexte de crise politique et sanitaire, le chef de l’Etat, élu en octobre 2019, avait pris les pleins pouvoirs au cours de l’été, utilisant l’article 80 de la Constitution, qui lui permet de prendre des « mesures d’exception » en cas de « péril imminent menaçant le pays ». Cinq mois plus tard, la Tunisie est toujours sous régime d’exception. Le gel du Parlement a été prolongé, et si un référendum constitutionnel et des élections législatives sont prévus pour 2022, le pays reste gouverné par décrets, sans recours possible.
« Une honte »
Dans ce contexte, Moncef Marzouki s’est imposé comme l’un des critiques les plus virulents de Kaïs Saïed, en multipliant les attaques dans les médias et sur les réseaux sociaux. A plusieurs reprises, il a qualifié le chef de l’Etat de « putschiste », allant jusqu’à questionner sa santé mentale. Lors d’une interview accordée mercredi, avant l’annonce de sa condamnation, à une radio communautaire du Sud tunisien, il a expliqué avoir voté pour Kaïs Saied en 2019, mais qu’avec les événements du 25 juillet, « celui-ci a perdu de sa légitimité » et « représente un danger ». Dans la soirée, il a réitéré ses propos sur sa page Facebook, parlant de Kaïs Saïed comme d’un président « illégitime » et d’un « dictateur ».
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