Le boom démographique indien est terminé. Le deuxième pays le plus peuplé de la planète, avec 1,38 milliard d’habitants, présente désormais un indice synthétique de fécondité (ISF) – qui correspond au nombre moyen d’enfants qu’une femme pourrait avoir au cours de sa vie – de 2, en dessous du seuil de remplacement, fixé à 2,1.
Ces données sont issues de la cinquième enquête nationale sur la santé de la famille, publiée fin novembre, qui a été réalisée de 2019 à 2021 à partir d’un échantillon de 650 000 ménages répartis dans 707 districts du pays. L’indice était de 2,2 dans la précédente enquête 2015-2016, et de 2,7 en 2005-2006. Cette tendance baissière est nettement plus marquée dans les zones urbaines, où l’indice synthétique de fécondité tombe à 1,6, contre 2,1 dans les zones rurales.
Ces nouvelles données sur la fertilité ne signifient pas encore une stabilisation, car la population indienne va continuer de croître. « L’Inde se trouve actuellement dans la troisième phase de sa transition démographique, où les taux de natalité sont en baisse mais où la population continue d’augmenter en raison de l’importance de sa jeunesse », analyse Poonam Muttreja, directrice de la Fondation indienne pour la population, une ONG de référence. Le pays compte 30 % de jeunes, de 10 à 24 ans, qui sont en âge de procréer ou le seront dans quelques années.
Allégations des nationalistes hindous contredites
Ces résultats viennent en tout cas contredire les allégations des nationalistes hindous, qui tentent, dans plusieurs Etats, d’imposer un contrôle des naissances. L’Uttar Pradesh, dirigé par un moine hindou fondamentaliste proche du premier ministre, Narendra Modi, a présenté en juillet un projet de loi qui priverait, s’il était adopté, les personnes ayant plus de deux enfants d’emplois publics, de promotions et de subventions. L’Etat de l’Assam, dirigé par le Bharatiya Janata Party (BJP), la formation de M. Modi, a également annoncé en juin des mesures discriminatoires pour les personnes ayant plus de deux enfants. Le premier ministre lui-même avait, en 2019, à l’occasion de la fête de l’indépendance, évoqué une « explosion démographique » et avait appelé les gouvernements régionaux à agir. Le débat est devenu éminemment politique.
« L’enquête nationale sur la santé de la famille vient briser le mythe de l’explosion démographique et coupe l’herbe sous le pied à ceux qui disent que l’Inde a besoin de mesures coercitives de contrôle de la population », estime dans un communiqué la Fondation indienne pour la population.
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