La Belgique compte bien fermer, comme prévu, ses sept réacteurs nucléaires à l’horizon de 2025, a annoncé jeudi 23 décembre le premier ministre, Alexander De Croo. Un accord sur ce dossier particulièrement sensible a été conclu à l’aube entre les sept partis partenaires de la coalition gouvernementale, à l’issue d’une nuit de négociations.
La sortie progressive du nucléaire est inscrite dans la loi depuis 2003, mais les gouvernements successifs ont tardé à développer les capacités de compenser l’arrêt des sept réacteurs, d’une puissance cumulée de 6 gigawatts (GW). La dernière échéance retenue pour un arrêt complet de ces vieilles centrales est 2025, une date que le gouvernement actuel, entré en fonction en octobre 2020, s’est engagé à respecter.
Décision sous conditions
Malgré l’opposition des libéraux francophones du MR, un des sept partis de la coalition, l’arrêt des sept réacteurs à l’horizon de 2025 a été confirmé sous certaines conditions.
Le gouvernement veut garantir « la sécurité d’approvisionnement » énergétique du pays et « la maîtrise des prix », a réaffirmé Alexander De Croo lors d’une conférence de presse. Le nucléaire compte pour environ 40 % de l’électricité produite en Belgique. « Nous avons prévu plusieurs moments d’évaluation pour vérifier que nous sommes sur la bonne voie », a ajouté le dirigeant libéral flamand.
Il a notamment évoqué un rendez-vous à la mi-mars pour vérifier qu’une solution alternative est bien possible si le permis de bâtir une nouvelle centrale au gaz près de Bruxelles n’est toujours pas octroyé. Cette centrale, prévue sur la commune flamande de Vilvorde, est une installation-clé dans le dispositif du gouvernement pour assurer la sécurité d’approvisionnement.
Mais, au début de novembre, la ministre de l’environnement de la région flamande avait refusé le permis au groupe français Engie, l’exploitant choisi au terme d’un système d’enchères mis au point au niveau fédéral. Selon une source gouvernementale, il est envisagé comme alternative d’opter pour une installation non sélectionnée lors des enchères, dès lors qu’elle disposerait déjà d’un permis.
Cent millions d’euros pour le nucléaire de nouvelle génération
L’accord gouvernemental ne ferme cependant pas la porte au nucléaire de nouvelle génération. Il prévoit un investissement d’environ 100 millions d’euros dans la recherche sur le nucléaire de nouvelle génération, à savoir les petits réacteurs modulaires (SMR), présentés comme « plus sûrs ».
« C’est avec un regard ouvert vers l’innovation et les nouvelles technologies que nous envisageons le futur énergétique », a plaidé M. De Croo, rappelant l’objectif de neutralité carbone à l’horizon de 2050, auquel doivent aussi contribuer les énergies renouvelables (solaire, éolien offshore).
De son côté, le chef des libéraux francophones, Georges-Louis Bouchez, n’a pas déposé les armes. Il est allé jusqu’à affirmer que « la sortie du nucléaire n’a pas été décidée », évoquant le délai de trois mois que le gouvernement se réserve par sécurité. Le maintien de certaines capacités peut toujours être activé « comme filet de sécurité », a-t-il affirmé, soulignant que l’autorité belge de sûreté du nucléaire (AFCN) aurait elle aussi son mot à dire au début de 2022.
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