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En Turquie, la crise monétaire affecte les ménages modestes et la classe moyenne

Des femmes achètent du pain sur un marché d’Ankara, le 20 décembre 2021. ADEM ALTAN / AFP

Les ménages ont du mal à joindre les deux bouts en Turquie, où, selon les statistiques officielles, l’inflation des prix à la consommation a atteint 21,31 % en novembre, soit sa plus forte progression en trois ans. Confrontés, pour la première fois depuis dix-neuf ans, à une érosion drastique de leur pouvoir d’achat, la plupart des foyers turcs tentent de faire face à la nouvelle réalité. Et ce, alors que la monnaie ne cesse de chuter, la livre turque ayant perdu 45 % face au dollar en novembre, du jamais-vu, contraignant le président, Recep Tayyip Erdogan, à intervenir. Lundi 20 décembre, le chef de l’Etat a pris de court les marchés et son opposition en décidant de lier la valeur de certains dépôts bancaires en livres au cours du dollar. La livre turque se redressait alors fortement lundi (+ 34 %), gagnait encore 3,5 %, mardi 21 décembre.

Dans cette crise, les ménages modestes sont les plus affectés. Chaque matin, de longues files d’attente se forment le long des kiosques municipaux, qui vendent le pain moins cher que dans les boulangeries et dans les magasins.

« Cela fait longtemps que je ne mange plus de viande », résume Abdullah, un père de famille qui patiente pour acheter huit pains à tarif réduit dans le quartier de Fatih, sur la rive européenne d’Istanbul. « Nourrir ma famille est devenu un vrai casse-tête », explique Ayse Yildirim, une mère au foyer rencontrée chez un vendeur de fruits et légumes dans le même quartier. Le salaire de son mari (3 600 livres turques, soit environ 236 euros), employé dans une société de transport maritime, ne suffit plus à faire bouillir la marmite pour le couple et ses deux enfants.

« On se serre la ceinture »

La chute de la livre turque favorise la hausse des prix en raison de l’augmentation du coût des importations (énergie, engrais, produits intermédiaires). « Les prix des produits alimentaires ont grimpé en flèche. Les tomates sont inabordables, tout comme la farine, l’huile, le sucre et les œufs. Sans parler du gaz et de l’électricité », déplore Ayse Yildirim, obligée de « jongler pour payer les factures ». « On se serre la ceinture, mais pour combien de temps encore ? », s’interroge-t-elle.

Indispensable à la préparation des plats classiques – pilaf (plat de blé ou de riz sauté), salades, soupes –, l’huile de tournesol a augmenté de 137,59 % cette année, selon les calculs du comité de planification de la municipalité d’Istanbul. Ses experts assurent que l’inflation des prix à la consommation est bien plus élevée que le chiffre annoncé par le gouvernement islamo-conservateur.

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