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En Inde, plus d’une femme sur trois opte pour la stérilisation comme moyen de contraception

Des femmes patientent pour des examens avant une opération de stérilisation dans un hôpital public de Mahendragarh, en Inde, le 4 février 2016. KUNI TAKAHASHI/NYT-REDUX-REA

La décision fut mûrement réfléchie. Deux ans après la naissance de son deuxième enfant et après avoir arraché l’accord de tous les membres de sa famille, Annu Kumari, 25 ans, s’est fait stériliser le 16 juillet 2021. La jeune femme vit avec sa belle-famille, comme cela est souvent le cas en Inde, et le couple a bataillé durant plus d’un an avant que les aînés n’acceptent leur choix.

La procédure s’est déroulée dans un hôpital du district de Nawada, non loin de leur village de Hardiya, dans l’Etat du Bihar, l’un des plus pauvres de l’Inde. « Je ne savais pas exactement en quoi consistait l’opération, mais je sais que, grâce à elle, je n’aurai plus d’enfants. C’est un véritable soulagement », souffle Annu Kumari, contactée par téléphone. Elle s’est fait opérer le même jour que sa voisine et cinq autres femmes.

Comme Annu Kumari, des millions de femmes indiennes optent pour la stérilisation comme moyen de contraception. En Inde, 37,9 % des femmes mariées et en âge de procréer sont stérilisées, soit plus d’une femme sur trois, selon la dernière enquête nationale sur la santé de la famille, réalisée entre 2019 et 2021. Le phénomène, à la fois rural et urbain, est même en augmentation par rapport à la précédente enquête de 2015-2016, où le taux de femmes stérilisées s’établissait à 36 %.

« Avec mon époux, nous avons pris cette décision afin de pouvoir nous occuper au mieux des deux enfants que nous avons déjà. Si notre famille s’était agrandie, nos revenus, eux, n’auraient pas suivi », explique Annu Kumari, femme au foyer dont le mari, travailleur journalier, peut espérer gagner au mieux 250 roupies (moins de 3 euros) par jour. « Ce sont bien souvent les femmes les plus marginalisées et les moins éduquées qui subissent des stérilisations », fait remarquer Poonam Muttreja, directrice de la Fondation indienne pour la population, une organisation à but non lucratif qui travaille sur ces questions.

Opérations de masse jusqu’en 2016

Annu Kumari et son mari se sont fait conseiller par l’une des assistantes médico-sociales accréditées par le gouvernement. Elles sont présentes dans chaque centre de santé local dans les zones rurales. « Elle nous a présenté toutes les options : les injections contraceptives, la pilule ou encore le préservatif. Mais nous avons choisi la stérilisation, car nous étions sûrs de ne plus vouloir d’enfants », assure Annu Kumari.

En Inde, seules 5,1 % des femmes prennent la pilule contraceptive, un peu plus de 2 % ont recours à des méthodes intra-utérines, et moins de 1 % choisissent les injections contraceptives, selon l’enquête nationale sur la santé de la famille. En comparaison, en France, plus de 30 % des femmes prenaient la pilule contraceptive en 2016, et la stérilisation définitive restait rare (4,5 % des femmes), selon un baromètre de Santé publique France.

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